Les Chroniques de l'Imaginaire

A ce point de folie - Franzobel

Tout le monde connait Le radeau de la Méduse, le célèbre tableau de Géricault, qui s’est inspiré du naufrage du bateau du même nom. Mais on connait moins bien les circonstances de tous ces événements funestes.

C’est ce que l’auteur a voulu raconter ici, avec sa petite pointe d’humour, en faisant parfois référence à des personnages de notre époque et des événements qui auront lieu deux cent ans plus tard.

Le roman raconte l’embarquement, la vie sur le bateau, les conflits entre le capitaine incompétent et ses officiers. On suit le quotidien de certains personnages comme la famille Picard et ses enfants, partis au Sénégal pour exploiter la plantation achetée par le père de famille, ou Victor, jeune garçon qui a voulu fuir sa famille et la vie trop convenue et trop aisée qu’il était destiné à mener et qui, sur le bateau, va rencontrer des matelots cruels et violents. On suit également l’un des deux médecins de bord, Savigny, qui sera l’un des survivants du radeau et qui voudra témoigner. Les manœuvres sur le bateau, les tempêtes, les termes maritimes, les rites marins, le bizutage, tout contribue à nous faire nous sentir sur le pont en bois de la Méduse avec ses voiles qui claquent au vent.

Tout ceci est raconté avec verve, c’est vivant, très détaillé, agréable à lire. Lorsque la catastrophe arrive, on sent que l’auteur se délecte à raconter dans le moindre détail les pires horreurs. C’est cru, parfois à la limite du soutenable, mais c’est aussi la réalité de notre humanité.

Jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour survivre ne serait-ce que quelques heures de plus ?

Un roman à lire en toute connaissance de cause, mais instructif et attractif.