Nestor Burma a vu un bon nombre de cadavres dans sa vie, mais là, c'est Brigitte, bon sang ! Brigitte Merlier, qui est devenue son amie en classe de seconde, puis son amoureuse, et qu'il a plaquée salement après leur bac. Après ça, il ne l'a plus revue, sauf brièvement trois ans plus tôt. Mais il se souvient de tout, de ses goûts littéraires, cinématographiques et musicaux, et bien sûr de son adresse.
Quand il se rend à son domicile, en même temps que la commissaire divisionnaire Stéphanie Faroux, chargée de l'enquête, il s'aperçoit que l'appartement a été fouillé à fond, et que l'ordinateur de Brigitte notamment a disparu. Il n'a que peu d'indices sur le sujet de son prochain documentaire, mais il a néanmoins récupéré, au nez et à la barbe de Faroux, une boucle d'oreille et un courrier d'un éditeur. Nanti des informations qu'il en a retirées, il se lance dans cette enquête encore plus privée que d'habitude, puisque c'est pour lui qu'il travaille.
On retrouve dans ce roman une atmosphère qui évoque en effet le personnage créé par Léo Malet. Toutefois, les temps ont changé, Burma aussi, et je n'ai pas retrouvé dans ce roman le désespoir foncier qui imprègne le Burma original, alors même que l'intrigue s'y prêtait. En somme, le détective de Michel Quint a beau être désespéré, cela ne l'empêche pas d'être irrésistible pour ces dames, et de leur résister lui-même avec la plus grande difficulté, et seulement d'une façon que l'on devine très provisoire.
A part ce léger bémol, l'intrigue se déroule sans heurt ni temps mort, et les personnages secondaires sont bien campés, avec mention spéciale pour Jamie Wilcox et Monique de. Il y a aussi ces allusions culturelles qui appartiennent au détective d'origine, et qui font comme des clins d’œil bienvenus au lecteur. En somme, une lecture bien plaisante, et qui pourrait aussi donner envie à ceux qui n'auraient jamais lu Malet de découvrir Nestor Burma "dans le texte".
