Johnny Kwan est un fat si, c'est-à-dire un exorciste taoïste. Il exerce à Hong Kong, soit pour assurer la salubrité publique, et c'est ainsi qu'on le voit au début du roman éliminer deux sezing, des démons serpents qui avaient dévoré la substance d'un herboriste, soit comme un détective privé du surnaturel, à la Dresden, et c'est ainsi qu'il est embauché par le milliardaire Anthony Chau pour retrouver des livres anciens qui lui ont été dérobés quasiment dès leur arrivée dans son entrepôt privé.
Ce roman est le premier d'une trilogie qui se déroule à Hong Kong. L'auteur donne bien à percevoir l'atmosphère particulière de la zone, entre tradition et modernité, ainsi que sa situation entre terre et mer. Ainsi, les temples seront séparés par des gratte-ciel, et le détective héros de l'histoire habite sur une île et se déplace en bateau. Par ailleurs, les armes modernes, par exemple un revolver avec silencieux, ne sont pas les seules à être utilisées, puisque l'épée de saule fait partie de la panoplie défensive du héros. On rencontre dans le roman une belle variété d'êtres surnaturels, et une triade aura comme "porte-chance" un dragon gardien de trésor.
L'intrigue est menée à grande allure, et on n'a pas le temps de s'ennuyer. Le personnage principal gagne assez de corps au cours du récit pour être intéressant et attachant, si les personnages secondaires sont décrits seulement à grands traits. La variété des êtres surnaturels évite plaisamment le piège de l'excès.
En somme, le seul bémol que je verrais à cette agréable lecture qui m'a fait passer un bon moment, c'est l'usage de la transcription propre au cantonais des termes chinois : il m'a fallu un moment, par exemple, pour comprendre que sans doute le hei correspondait au qi, si j'ai "traduit" facilement fungseoi par fengshui, grâce au contexte. Cela dit, il est probable que cela ne gênera pas du tout les lecteurs qui ne sont pas déjà familiers du taoïsme et/ou de la culture chinoise !