Les Chroniques de l'Imaginaire

La résurrection du dragon (Les chroniques de l'étrange - 2) - Huissier, Romain (d')

Johnny Kwan s'est tiré vivant par miracle de sa dernière mésaventure, et son ami l'inspecteur-chef Daniel Sung insiste pour qu'il se repose. Il lui a même procuré la possibilité de travailler à temps partiel à inventorier des artefacts archéologiques dans la fondation d'Anthony Chau. Toutefois, Johnny n'est pas décidé pour autant à abandonner ses autres clients. Aussi répond-il à la demande de son ami Pui Gan, dont trois employées sezing ont été massacrées. Du moment où il reconnaît sur les bandes de surveillance l'assassin qui a tué Eric Tse, il insiste auprès de Daniel Sung pour avoir son dossier. Par ailleurs, il accepte aussi d'intervenir comme expert pour la triade du Dragon florissant, tentée par un rarissime œuf de jade pour remplacer son dragon perdu.

Ce deuxième tome des Chroniques de l'étrange est encore plus passionnant que le précédent. En effet, il s'y trouve une plus grande unité d'action, et le lecteur en connaissait déjà la plupart des personnages, ce qui évite d'avoir à les présenter, même si l'auteur ne perd pas l'occasion de les doter de plus de profondeur. On y gagne aussi un personnage secondaire intéressant pour remplacer le fragile Andy Kwok : Mike Lyu, dont la personnalité n'a guère à envier à celle de Johnny Kwan. Ce dernier dévoilera davantage ses défauts dans ce roman, ce qui le rend attachant en lui enlevant son armure de guerrier sans peur et sans reproche.

Non seulement l'action est plus ramassée et cohérente, mais elle est aussi de bien plus grande ampleur, et cela se manifeste aussi dans les personnages qui apparaissent, puisqu'on croise ici quelques dieux et autres créatures mythologiques. De ce fait, il serait prudent de se munir du troisième tome avant de finir celui-ci, car même si la fin clôture nettement l'intrigue, c'est au sens de l'arrivée dans l’œil du cyclone : tout est calme, mais ce n'est que provisoire. Je suis pour ma part fort curieuse de savoir la forme que prendra la tempête dans la suite.

Le seul bémol que je formulerais à l'égard de cet opus concerne la forme : j'aurais vraiment souhaité qu'une relecture sérieuse en soit faite à l'occasion du changement d'éditeur. Il me semble que quelqu'un aurait bien dû s'aviser qu' "aiguiller" et "aiguillonner" n'ont pas du tout le même sens, et donc remplacer le premier par le second (page 66), par exemple. Quelques autres impropriétés qui piquent les yeux auraient ainsi été supprimées, pour le confort du lecteur amoureux de la langue française. Cela ne m'a pas empêchée toutefois de prendre plaisir à cette lecture fort distrayante, originale et totalement dépaysante.