Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Prince-Marchand (La Hanse galactique - 1) - Anderson, Poul

Ce premier opus de cette saga de Poul Anderson nous introduit au personnage principal, Nicholas van Rijn, qui est le héros des deux textes ci-inclus. Loin de l'archétype du héros fort et silencieux, armé jusqu'au dents, que personnalisera par exemple, sous la plume de ce même auteur, Daniel Flandry, Nicholas van Rijn est davantage un homme de réflexion que d'action : d'abord, il a vieilli depuis le temps où il incarnait ce type de héros, et il s'est d'autant plus empâté qu'il aime son petit confort, et la bonne chère ; ensuite, il s'est assez enrichi pour faire bosser les autres au lieu de mettre en danger sa propre personne. Mais parfois, comme on le verra dans les textes présentés ici, il se retrouve à nouveau sur le terrain, et c'est toujours un homme avec lequel il faut compter. Comme Poul Anderson le dit lui-même dans la postface à la seconde édition du roman, en 1978, et qui est reproduite ici, il y a du Falstaff et du Long John Silver dans son personnage.

Ce livre contient donc deux textes, d'inégale longueur :

Marge bénéficiaire : Afin de lutter contre la piraterie dans un passage spatial incontournable, Nicholas van Rijn décide que le plus simple sera de convaincre lesdits pirates qu'ils ne peuvent pas être gagnants sur le long terme.

Un homme qui compte : Suite à un sabotage, Nicholas van Rijn, l'un de ses employés, Eric Wace, et la belle Sandra, se retrouvent naufragés sur la planète Diomède. Il est urgent pour eux d'être secourus, car ils ont peu de vivres et rien de diomédien n'est consommable pour eux. Toutefois, convaincre un peuple en guerre de les aider à regagner leur comptoir n'a rien d'évident a priori.

Ces deux textes sont fort plaisants à lire, surtout le second, qui permet de prendre la mesure des capacités de l'auteur en terme de création d'univers. En effet, les civilisations qu'il a imaginées pour peupler sa planète sont cohérentes, originales et assez différentes des nôtres pour assurer le dépaysement recherché dans toute littérature d'évasion. Certes, il faut se souvenir que ces textes datent du milieu du XXème siècle, et feraient grincer les dents de toute féministe, mais c'est le prix de la découverte, ou redécouverte, de textes anciens. L'action, en revanche, est à peu près incessante, et les pages semblent se tourner toutes seules.

La présentation que fait Jean-Daniel Brèque de cet opus et de la saga au sein de laquelle il s'inscrit est très intéressante, et j'ai personnellement hâte de lire la suite. Le lecteur qui n'aurait encore rien lu de l'auteur le découvrira avec plaisir et sans se ruiner avec ce petit ouvrage, et celui qui est déjà familier du créateur de La patrouille du temps retrouvera avec plaisir son style vif et plein d'humour.