Les Chroniques de l'Imaginaire

Rétrograde - Cawdron, Peter

Liz Anderson fait partie des cent vingt colons vivant sur Mars. Micropaléobiologiste, elle étudie patiemment le sol martien dans l’espoir de trouver les traces de vie qui auraient pu exister des millions d’années auparavant, quand la planète était propice à la vie. Intégrée à l’équipage américain de la base internationale martienne, tout comme les colons des modules chinois, russe et eurasiatique, elle s'est engagée à y rester dix ans.

Alors qu’elle se détendait dans le module chinois avec James, le spécialiste canadien de la robotique, ils en sont évacués manu-militari par la commandante chinoise. Puis ils sont cantonnés dans le module américain. Le commandant doit faire part d’une nouvelle gravissime à l'équipage : la Terre est ravagée par plusieurs bombes nucléaires qui ont explosé sur les grandes capitales. Mais personne ne sait quelle nation a déclenché les hostilités.

Après une nuit blanche, alors que la majorité des colons sont encore sous le choc, le débat fait rage entre les partisans de l'isolement et ceux persuadés qu'il faut mettre en commun les ressources restantes pour espérer survivre sur Mars, en l’absence de nouveau ravitaillement en provenance de la Terre. Liz est de la seconde catégorie et elle quitte le module américain pour aller parlementer avec les Chinois. Mais en passant devant l’infirmerie, elle découvre que les stocks de médicaments ont été pillés durant la nuit... 

Dans cet univers confiné, et bien restitué, Liz se démène pour assurer sa survie et celle des colons tout en démêlant le vrai du faux entre les informations contradictoires qu’elle recueille dans les différents modules. Est-ce-que les vieilles rivalités terrestres interfèrent sur le bien commun de la colonie, même si cela paraît incroyable pour des personnes surentraînées par les agences spatiales internationales et habituées à travailler en groupe ? Possible, car après l'annonce de la catastrophe nucléaire, une grande partie des colons ont tendance à se replier sur eux-mêmes. De plus, l’attitude de Liz, défiant les ordres du commandant du module américain, a tendance à briser l’unité du module et à provoquer des tensions supplémentaires. 

Après un démarrage rapide, la première partie de Rétrograde est plutôt lente avec assez peu d'action. Elle a néanmoins le mérite de planter le décor et de donner une très bonne perspective de ce que pourrait être la vie sur Mars quand les premiers colons terriens y débarqueront pour s'y installer. On est vraiment sur une projection par rapport à nos connaissances actuelles et les projets que font les différentes agences spatiales pour s’installer sur Mars d'ici une décennie. L’influence de Seul sur Mars est palpable, et d’ailleurs Peter Crawdron ne s’en cache pas. Il est néanmoins dommage que cette volonté de tout expliquer, bien souvent via un flash-back de l'entraînement de la NASA sur Terre, vienne s’intercaler au beau milieu de l'action.

J'ai particulièrement apprécié le tournant que prend le roman en son milieu, qui intensifie la situation dramatique des colons. Mais j’aurai préféré que son traitement soit différent. Alors qu'on était dans une situation de huis clos avec de nombreux colons aux cultures différentes, tout est écrit du point de vue de Liz. Et au final, on n'a qu’elle qui agit. Elle devient alors au fil des pages une héroïne américaine à la Ellen Ripley, qui se dépêtre de toutes les situations malgré les nombreuses blessures encaissées en cours de route.

Finalement, Rétrograde est un bon roman de « hard science » avec une intrigue intéressante, mais j’ai été déçu car je n'y ai pas trouvé tout ce que j'espérais.