Les Chroniques de l'Imaginaire

Le sommeil des arbres-machines (Le Jeu du Démiurge - 1) - Côté, Philippe-Aubert

Dans ce roman, deux lignes se déploient en parallèle : dans le présent de l'action, en 3045, nous suivons les (més)aventures de Takeo. Ce jeune Mikaï est très particulier en ce qu'il a été conçu après que sa mère ait subi la peine de régression à laquelle elle avait été condamnée pour meurtre d'un Eridani, et élevé par son grand-père, Pangwah.
Malheureusement, ce dernier, vieillissant, souffre du Mal de Rumack, une dégénérescence qui condamne les Mikaïs à l'animalité, passé un certain âge. Ce qui est inquiétant, c'est qu'il semble y avoir une épidémie. Takeo, avec ses amis, et sous la tutelle lointaine mais bienveillante du Ludi Nemrick, se débat tant qu'il peut pour trouver une solution.

La narration basée en 2901 raconte l'histoire de Nemrick de son point de vue, et celle de la colonisation de Selckin-2. En effet, les Eridanis embarqués sur le Lemnoth avait la double mission de coloniser autant de planètes que possible, et de rapatrier l'équipage toujours prisonnier de l'épave du vaisseau Terkenh, qui dérivait dans l'espace depuis un siècle, suite à une catastrophe. Malheureusement, ces deux volets de la mission vont rencontrer des difficultés imprévues. Et si Nemrick s'était embarqué sur le Lemnoth pour suivre Rumack, une dispute, suivie d'une longue séparation, puisque Nemrick, contrairement à Rumack, participait à la mission concernant le Terkenh, va le rapprocher de Henock.

Dans cette première partie, on assiste à la mise en place d'un monde riche et intéressant, avec des idées originales bien exploitées, notamment les dalis et l'usage des biotechnologies. La création d'esclaves par une caste de "maîtres" n'est pas une idée neuve en SF, mais le moyen de contrôle utilisé ici m'a semblé élégant. En règle générale, d'ailleurs, j'ai beaucoup aimé que des commandes et liens vers des ordinateurs ou IA soient incluses dans des végétaux.

Certes, le côté adolescent de Takeo et de ses amis m'a vaguement agacée, mais il met d'autant en relief la longévité des Eridanis. L'auteur effleure grâce au personnage de Kanicklas l'une des possibles conséquences d'une vie longue, quand tout devient ennuyeux.

Même si l'action se déroule majoritairement à Nagack, on a quelques aperçus d'une géographie plus vaste, et d'une diversité de population. Par ailleurs, la fin de cette première partie laisse à penser que l'action va se déplacer dans d'autres régions. A ce sujet, la carte est bienvenue, assez peu détaillée, mais suffisante, surtout en ce qui concerne cette partie de l'histoire. J'ai aussi trouvé le glossaire très utile, et très bien fait, donnant les informations nécessaires, sans noyer le lecteur.