Les Chroniques de l'Imaginaire

No War (No War - 1) - Pastor, Anthony

Nous sommes sur l'archipel du Vukland, en Atlantique nord, un ensemble d'îles où la minorité Kivik vit un peu à la marge et dont les croyances sont méprisées par une partie de la population. Leur terre sacrée, l'île de Saarok, bénéficie encore d'une certaine autonomie mais elle est menacée par un projet de barrage et les tensions sont vives entre les Kiviks et le gouvernement.

Run, dix-sept ans, est pris en étau entre ses parents divorcés et ses deux cultures : sa mère est une autochtone activiste et son père, un non-kivik, ingénieur en charge du projet de barrage qui va profaner les territoires sacrés Kiviks.

Alors qu'il est en excursion sur Saarok avec son oncle de la police tribale, ils découvrent le cadavre d'un ingénieur du barrage avec l'inscription gravée sur son front "pas de barrage" laissant à penser que le meurtrier est kivik. Run trouve cachée sur le mort une pierre sacrée, la kafikadik, et décide de la dissimuler dans sa poche sans en avertir son oncle.

Au même moment, dans la capitale, des manifestations violentes ont lieu en réaction à l'élection du nouveau président libéral. Les jeunes sont en première ligne et affrontent la police mais aussi des groupuscules extrémistes proches du pouvoir.

Run, le héros de cette saga, va devoir faire face au conflit familial, être confronté à ses origines et aux revendications du peuple de sa mère mais aussi se retrouver au centre d'un complot politico-écologique en plein chaos social et enfin affronter la mort.

Anthony Pastor a décidé pour ce projet de sortir une BD de cent pages tous les six mois et prévoit pour l'instant neuf tomes, voire plus... C'est un véritable roman noir où se mêlent croyances chamaniques, politique, argent, racisme, écologie et dans lequel se croisent une dizaine de personnages. L'auteur a créé toute une mythologie des Kiviks qui nous est expliquée à la fin de l'album, permettant ainsi de s'immerger un peu plus dans son histoire.

Le noir domine dans les dessins et les couleurs utilisées sont froides pour coller encore plus au récit. Au premier abord, je n'étais pas fan du dessin mais je me suis laissé happer par lui car il est parfaitement en adéquation avec le sentiment d'angoisse latent de l'histoire.

De plus, cet archipel fictif est assez proche de notre réalité et surtout de notre actualité. On peut faire quelques rapprochements avec l'élection de Trump, la situation sur certains lieux en France mais aussi avec quelques peuplades dans le monde (Samis en Laponie, tribus d'Amazonie...).

Pastor s'est attelé à un projet ambitieux mêlant politique et écologie, dont j'attends avec impatience de lire le prochain tome.

Une agréable surprise !