Pour Fraa Erasmas, tout est sur le point de changer, mais il l'ignore au moment où il est puni lors de la dernière nuit de l'aperte. En effet, même s'il s'est déjà étonné de la fermeture de l'astrohenge, cela ne l'a pas empêché de profiter de la possibilité, qui ne lui est offerte que tous les dix ans, de sortir de la concente.
Sur Arbre, il y a les saeculiers (les gens comme vous et moi, qui regardent des écrans, et les informations qui y sont transmises, et ont des téléphones portables) et les avôts, dénommés fraas ou soors selon leur sexe. Ces derniers vivent en maths, réunies ou non dans des concentes, où ils s'engagent à rester sans en sortir du tout pour des durées variables, allant d'un à mille ans.
Arbre n'est pas la Terre, et ce ne sont pas les couvents que nous connaissons. D'abord parce qu'ils ne sont pas fondés sur une foi religieuse, mais plutôt sur la préservation du savoir transmis au long d'une histoire tumultueuse plurimillénaire, et surtout de la capacité à penser, à élaborer des théories résistant au débat, et à observer le ciel.
Or, justement, un objet à l'évidence manufacturé est apparu dans l'espace autour d'Arbre. D'abord décidé à dissimuler cette information à la population, le pouvoir saeculier fait appel à certains avôts choisis pour l'aider à entrer en contact. Parmi ces avôts figure Fraa Erasmas. Toutefois, avant de rejoindre la concente où il a été convoqué, il veut retrouver son mentor, Fraa Orolo, expulsé peu auparavant de Saunt Edhar. C'est ainsi que, avec un groupe hétéroclite, il va entreprendre un très long voyage.
Les premières parties de cette histoire font clairement appel à la bonne volonté et à la concentration du lecteur, comme la lecture de mon résumé pourra vous en avoir donné une idée. En effet, les cent premières pages exposent la vie de Fraa Erasmas, débats théoriques compris. Ne les sautez pas ! Ces pages, et les personnages qu'elles contiennent, auront de l'importance par la suite, et surtout, les lire en diagonale vous empêcherait de vous imprégner du monde et des personnages qu'elles décrivent, tous très particuliers et originaux. En plus, vous manqueriez les touches d'humour habilement entrelacées avec les théories, qui font sourire et donnent le courage et l'envie de continuer. Et ça vaut vraiment le coup : dès que l'action démarre, elle ne s'arrête plus guère.
Si au premier abord on peut penser avoir déjà croisé un monde comparable, avec des couvents et des ordres monastiques qui vivent retirés du monde, ou de jeunes personnages qui partent en quête, et être vaguement tenté de classer l'histoire en fantasy, le tableau change radicalement en s'approfondissant au fur et à mesure de la progression de l'histoire, vue et racontée du point de vue de Fraa Erasmas.