Fraa Erasmas n'a que peu de temps à passer à Orithéna avec Orolo : peu de jours après son arrivée, un objet se détache du vaisseau extrasylvestre, et son ouverture révèle une jeune femme, morte de ce qui semble un coup de fusil. Ce qui étonne véritablement les avôts, c'est qu'elle serait facilement passée inaperçue sur Arbre, étant physiquement similaire aux Arbriens. Orolo donne sa vie pour préserver le cadavre pour étude quand le vaisseau extrasylvestre bombarde le site, réveillant le volcan.
La convoxe, où Fraa Erasmas arrive enfin, ne tarde pas à se disperser, les responsables s'étant rendu compte qu'il était imprudent de réunir au même point des personnages importants, et Fraa Erasmas en part dans un groupe auquel appartiennent également ses amis Lio, Jesryn et Arsibalt, ainsi que Fraa Jad. Entre autres. Leur mission sera d'infiltrer le vaisseau extrasylvestre.
Je ne le dirai jamais assez, jamais assez fort : ce roman est extraordinaire, un chef-d’œuvre absolu, et certainement l'un des meilleurs romans de SF que j'aie lu depuis des années. D'abord, il est lisible à plusieurs niveaux qui ne s'excluent pas entre eux, comme page turner et excellente histoire de science-fiction intelligente, et/ou comme roman allégorique sur notre monde et les relations entre science et pouvoir, par exemple. De quelque façon qu'on le lise, on ne pourra qu'apprécier la façon fluide dont les évènements s'enchaînent, et dont les personnages - et les relations entre eux - évoluent, à commencer bien sûr par le narrateur, Fraa Erasmas.
Pour les lecteurs un peu curieux, les concepts complexes, tels que les GOA ou l'espace de Hemn, ont droit à une explication détaillée en fin de second volume, où on trouvera aussi un glossaire bienvenu, qui "traduira" en terrien courant les termes arbriens spécifiques, tels qu'apsynte ou brelot. Pour les plus curieux, qui devront de surcroît être anglophones, Neal Stephenson détaille sur son site les influences et l'origine des idées théoriques exposées.
En creusant un peu la construction, on peut s'apercevoir qu'il est construit comme l'un des diagrammes. Et, sans doute logiquement pour le lecteur, mais de façon très habile de la part de l'écrivain, cette histoire de cosmos multiples entraîne des fins multiples possibles, chacune crédible et racontée par Erasmas, qui appartient à plusieurs "narrés".
J'aurais envie de le rapprocher du dernier roman de Christopher Priest, Conséquences d'une disparition : les idées que nous nous faisons des évènements sont au moins aussi importantes que ceux-ci, puisque c'est à ces idées que nous réagissons. Ici, les croyances arbriennes des saeculiers et des avôts à propos les uns des autres, mais aussi des extra-planétaires entre eux et vis-à-vis de ce qu'ils ont pu percevoir d'Arbre.
Enfin, et pour tous les lecteurs francophones, il faut saluer le magnifique travail du traducteur.