Pier de la Vita, le bâtisseur floué par le mage Ronfield, arrive enfin à Anselme avec sa fille survivante, Camélia. Il a perdu dernièrement sa femme et son bébé, justement à cause d'hommes à la solde de Ronfield. Le tout pour avoir osé essayer d'attaquer sur le terrain de la justice, après que le mage ait refusé de lui payer, à lui et à ses hommes, une immense tour dans les contrées du Nord. L'heure est maintenant à la justice, d'autant que Pier de la Vita parvient à s'attacher les services d'un excellent avocat, en la personne de Don Coskarelli.
Pour Sinead, les choses sont bien différentes. La templière a été exclue de l'Ordre des Templiers, après que ces derniers se soient rendus compte qu'il s'agissait d'une femme. A présent, Sinead fait route vers le Sud et se retrouve, dans la ville de Dakareen, nez à nez avec Don Castelnau, l'homme même qui a violé sa mère et assassiné son père, sous les yeux de la jeune fille... La pulsion meurtrière est forte, mais Sinead est retenue au dernier moment par un homme nommé Brahnaan. Un homme qui amène Sinead dans une étrange ville dans le désert, appelée Khyrion.
Pier de la Vita, lui, sait maintenant qu'il y aura forcément un procès pour le mage Ronfield. En attendant ce dernier, lui et sa fille sont logés dans la maison de l'enquesteur Duarte, celui-là même qui a pu sauver Pier et sa fille. Par ailleurs, le père et la fille seront accompagnés d'un elfe, qui a les pouvoirs d'empêcher que le mage Ronfield ne se manifeste de nouveau... Mais une mauvaise nouvelle tombe bientôt : il ne sera pas possible pour Pier d'attaquer Ronfield à la fois pour le non paiement de sa tour et pour le massacre de sa famille. A contrecœur, Pier va devoir choisir, et il sait qu'il doit toujours de l'argent aux bâtisseurs qui détiennent Sandro, son fils...
De son côté, Sinead fait de plus en plus connaissance avec Brahnaan. Elle choisit par ailleurs de faire partie de la guilde des assassins, une guilde dont les missions sont données par Sanud'ma, une étrange créature au sourire carnassier, qui n'inspire nulle confiance... Sinead a fait ce choix après que Brahnaan et Sanud'ma lui aient parlé de la possibilité ensuite d'assassiner, enfin, Don Castelnau. Mais avant cela, il y aura bien d'autres contrats à honorer, et bien des entraînements à subir, en complément de ce que Sinead a déjà connu avec l'Ordre des Templiers...
Autant être clair : ce second tome de La Cathédrale des Abymes est le digne successeur que l'on attendait. Encore une fois, le récit de Jean-Luc Istin est complexe, avec bien des lieux et des personnages différents, mais il est aussi empreint d'une lisibilité sans faille. C'est avec plaisir que l'on passe de Sinead et sa nouvelle guilde, à Pier de la Vita et les terribles malheurs qui le frapperont encore dans ce second tome.
Jean-Luc Istin ne ménage pas ses deux personnages principaux, c'est le moins que l'on puisse dire. Et pour donner toute la force à ce récit, le scénariste peut encore compter sur les planches, absolument sublimes, de Sébastien Grenier. Le dessinateur a encore une fois mis toute son énergie dans ses traits, dans ses couleurs absolument éclatantes. Le résultat est impressionnant, rare dans le milieu de la bande dessinée, et encore une fois aucune case n'est laissée au hasard.
Ainsi, si les personnages sont admirablement traités, comme cela était déjà le cas dans le premier tome, il en va de même des environnements, superbes, traversés ici. Les décors sont superbes, qu'ils soient naturels ou architecturaux, et les costumes et vêtements sont également richement travaillés. Les cadrages et le découpage sont à l'avenant, et le récit gagne ainsi en profondeur et en crédibilité, comme s'il en avait finalement encore besoin...
Un second tome aussi époustouflant que son prédécesseur : encore une fois, que l'attente va être longue, mais salutaire !