Nous sommes en pleine nature, avec un peuple qui s'inquiète, dès lors que le soleil brille depuis trop longtemps et que l'eau de pluie vient à manquer. Alors, ce peuple composé d'une famille de danseurs et d'une famille de sculpteurs se met en marche. D'abord, les sculpteurs se mettent à fabriquer des masques, qui seront ensuite portés par les danseurs, qui vont enchaîner les mouvements complexes afin d'invoquer les nuages porteurs d'une pluie salvatrice.
Oui, mais pour que cela fonctionne, les masques en question doivent plaire aux esprits de la nature. Cela n'arrive pas toujours, bien entendu, notamment lorsque les masques sont confectionnés par le jeune Tsubaki. La pluie se fait rare, même lorsque Mozu le danseur se démène. Le peuple gronde, s'impatiente, et n'hésite pas à redonner son avis : il aurait mieux valu que les masques soient confectionnés non pas par Tsubaki, mais par son frère, Yuri, qu'on dit bien plus talentueux, et qui devrait bien plus attirer les bonnes grâces des esprits...
Éveil est un manga au format bien inhabituel, habituellement emprunté par les bandes dessinées franco-belges. L'auteur, Taiyô Matsumoto, est une célébrité dans son pays, pour la qualité de ses dessins. Et il est clair qu'il n'y a rien à redire de ce côté-là : c'est tout simplement magnifique, notamment lorsqu'on aime le noir et blanc, et les grands aplats de noir. Les décors sont superbes, les expressions des visages (incluant les masques) sont parfaitement rendues également, et il y a là de quoi passer du temps à s'attarder sur tel ou tel détail.
Attention : le trait n'est nullement réaliste, mais possède bien son caractère, une personnalité qui fait des dessins de Taiyô Matsumoto quelque chose d'unique. Petit bémol au passage : certains personnages, de mêmes familles, se ressemblent beaucoup, et il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver, cela nuit à la fluidité du récit. La lecture peut ainsi être chamboulée et plusieurs relectures pourront même s'avérer nécessaires. Comme si cela était fait exprès, finalement, pour revenir sur ces planches enchanteresses.
Personnellement, je ne suis pas parvenu à entrer plus que cela dans l'histoire en elle-même : trop onirique et trop abstraite pour moi, je ne doute pas qu'elle plaira à d'autres amateurs de ce genre de récit. La qualité de la forme restera, quant à elle, parfaitement indéniable, avec une mention spéciale pour la couverture, qui a été faite spécialement pour la France.
Éveil est l'adaptation d'une pièce de théâtre japonaise, elle offre un voyage onirique chez un peuple aux étranges coutumes. C'est une œuvre exigeante au sein de laquelle tout le monde ne pourra pas entrer. Restent les dessins, d'une grande sensibilité et à la qualité certaine. A chacun de voir, à présent !