Lord John Grey s’est à nouveau mis dans une situation invraisemblable. Alors qu’il était à son club de gentlemen, le Beefsteak, il surprend le fiancé de sa cousine Olivia aux toilettes et réalise que l’influent Lord Trevelyan est probablement atteint de syphilis. En l’absence de son frère aîné, le tuteur d’Olivia, il appartient à John de faire la lumière sur cette histoire et de contraindre Lord Trevelyan à annuler le mariage si ses soupçons s’avéraient fondés.
L’affaire s’annonce particulièrement délicate et ce d’autant plus que ses supérieurs confient à John un autre genre d’enquête. Des documents militaires capitaux ont été dérobés. Le suspect principal a été retrouvé mort assassiné et le valet de Lord Trevelyan, chargé d’assister l’enquête, a mystérieusement disparu. John Grey va devoir avancer subtilement pour concilier son affaire d’État avec sa propre affaire privé.
Diana Gabaldon semble apprécier les incipits hauts en couleur. À peine a-t-il tourné quelques pages que le lecteur se trouve ici confronté à l’intimité peu glorieuse de Lord Trevelyan. Qu’on se rassure cependant, si le style est sans pudeur, il est également sans vulgarité excessive et ce premier passage est peut-être l’élément le plus cru du récit.
Une affaire privée est avant tout un roman policier et d’espionnage et laisse peu de place à la romance. On suit les pas de John Grey à travers les quartiers mal famés de Londres mais aussi à travers son passé, lorsqu’il cherche à en savoir plus sur la vie de Lord Trevelyan.
Il dispose de compagnons d’enquête intéressants en la personne du jeune Tom Byrd, frère cadet du valet disparu, un brin naïf mais courageux, et du colonel Quarry, son supérieur bourru porté sur la nourriture et les femmes. La carrière militaire de John Grey et son homosexualité apportent en outre une dimension particulière au récit, celui-ci devant en permanence dissimuler ses préférences véritables et se maintenir en état d’alerte.
Le mystère en lui-même est convaincant, empli d’éléments plus troublants les uns que les autres et qu’on a hâte d’éclaircir. Le style d’écriture est concis et efficace et vient servir le rythme de l’intrigue, bien dosé. Le roman regorge également de détails sur la vie londonienne de l’époque, savamment incorporés à l’intrigue. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette enquête.
C’est sans doute mon tome préféré à ce jour de l’univers d’Outlander. Attention toutefois aux fans de la série, il s’agit d’un tome très atypique qui ne contient pas de fantastique d'aucune sorte ni de romance à proprement parler et une seule scène érotique. Le ton des tomes centrés sur Lord John Grey est donc résolument différent de la série principale. Le personnage de Jamie Fraser de la série principale n'est pas non plus présent dans ce tome-ci même si ce sera le cas dans la suite de cette sous-série, notamment dans Le prisonnier écossais.
Pour ceux ne connaissant pas Outlander, sachez donc que vous pouvez tout à fait lire ce tome 1 des aventures de Lord John Grey sans avoir lu les autres ouvrages de Diana Gabaldon.
Au final, je conseille surtout ce livre aux adeptes de romans policiers et du Londres du XVIIIe siècle.