Dans la citadelle de Kok Tepa, à une époque difficile à estimer, mais probablement dans le futur, puisque ici et là apparaissent des téléphones portables et des drones, Rostam mène une vie tranquille. La citadelle est gérée par les Moines, refermée sur elle-même, vivant en quasi-autarcie pour éviter autant que possible le virus. Celui-ci décime les populations. Un sérum existe, mais seuls les Moines peuvent se l'administrer, de façon quotidienne, pour résister au virus. Il est interdit pour les habitants de partir de Kok Tepa, tout comme il est interdit d'y entrer.
Rostam vit avec sa femme et sa fille et, même s'il a conscience de vivre dans un contexte étouffant et liberticide, il supporte calmement son quotidien. Il est passeur. Il aide ceux qui veulent s'échapper de la citadelle pour rejoindre l'Outre-Mer, moyennant finances. Rostam a un réseau de passeurs, en qui il a toute confiance.
Mais lorsque sa propre fille montre tous les symptômes du virus, il va devoir lui aussi, avec sa famille, partir, chercher des soins ailleurs, dans l'autre monde. De passeur, il devient migrant. Il quitte Kok Tepa avec sa femme et sa fille, et, toujours confiant en son réseau, pense qu'en quelques semaines, tous trois seront en sécurité et sa fille sauvée.
Mais, de l'autre côté, rien ne se passe comme prévu. Les membres du réseau ne sont pas fiables, et profitent encore plus du malheur des migrants. Rostam découvre l'envers de son monde et va, au péril de sa vie et de celle de sa femme et de sa fille, payer le prix de sa naïveté.
C'est un roman fort, poignant, qui se lit d'une traite. Remarquablement bien écrit, intelligent, qui ne sombre jamais dans le pathos, qui énonce simplement les faits. Terriblement efficace.
