Ellen Burns a un don rare et précieux : elle a une mémoire phénoménale, qui lui permet de retenir tout ce qu'elle a vu, lu ou entendu et de le reproduire sans erreur. Mais étant une très jeune femme noire, elle a du mal à convaincre même les gens de la Loyal League, qui luttent pour l'Union contre les Confédérés, de l'employer. Enfin, elle fait suffisamment ses preuves pour être envoyée chez le sénateur Caffrey, un proche du président Jefferson Davies. Il lui est pénible de devoir jouer le rôle d'une esclave muette et quasi-débile, alors qu'elle est une affranchie vive et intelligente qui n'a pas la langue dans sa poche, et d'autant plus que la fille de la maison, Susie, est une véritable peste qui lui mène la vie dure.
Et l'attention que lui porte le beau lieutenant confédéré Malcolm McCall l'inquiète d'emblée, d'autant qu'elle ne peut s'empêcher de le trouver très attirant, malgré l'uniforme qu'il porte, qui la révulse. Ils vont toutefois devoir travailler ensemble, car ils découvrent rapidement qu'ils sont là pour les mêmes raisons : McCall est un détective de la célèbre agence Pinkerton, et il peut envoyer à ce dernier les découvertes d'Ellen en plus des siennes propres.
Je ne suis pas fan de romance en général, mais j'ai pris plaisir à lire ce roman. Certes, les scènes de sexe très explicites en feront un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, mais par ailleurs le cadre et les personnages m'ont semblé crédibles et intéressants, même si l'histoire familiale de Malcolm McCall m'a paru appartenir au XVIIIe siècle plutôt qu'au suivant.
J'ai néanmoins aimé qu'une jeune femme noire soit le personnage principal, d'autant que j'ai trouvé que l'auteure en faisait un portrait convaincant : elle est courageuse et douée, mais marquée par sa condition et son temps, et bien consciente du regard pour le moins critique que la société portera sur son amour pour un homme blanc. Par ailleurs, l'institution de l'esclavage, comme la vie du Sud en guerre, si elles sont décrites par la bande, le sont finement, là aussi en évitant toute schématisation : tous les racistes ne sont pas sudistes, par exemple. Enfin, n'étant pas une spécialiste de l'histoire des États-Unis, j'ai vraiment apprécié que l'auteure mentionne en postface sur quoi elle s'est basée pour l'écriture de ce roman.