Les Chroniques de l'Imaginaire

Les cendres de Babylone (The expanse - 6) - Corey, James S.A.

La Terre est ravagée. Plusieurs milliards de morts aux impacts des rochers balancés depuis l'espace par Marco Inaros et sa Flotte libre. Maintenant, c'est au tour de la famine et des maladies de prendre leur tribut sur les populations.

Inaros, fier et à la tête d'une grande flotte de vaisseaux, s'entretient ensuite dans la piraterie au fond du système solaire. La Terre ne compte plus. Mars est divisée et désertée. 

Heureusement, il reste quelques dirigeants compétents. Et Bobbie, qui embarque sur le Rossinante avec James Holden et son équipage. Inaros n'est pas invincible. C'est un salopard qui peut être atomisé comme n'importe qui.

Il reste une chance.

Je vous avoue que mon enthousiasme à démarrer ce sixième tome bien épais de The expanse n'était pas très haut. Arrivé au bout de ses six cents pages, soyons fous, Les cendres de Babylone est plus intéressante et agréable à lire que les deux épisodes précédents. Heureusement. 

Corey articule sa nouvelle histoire autour de quelques points chauds (des combats de vaisseaux, une crise, une trahison, un décès, un final). Ces instants sont bien foutus et prenants. Les pages tournent vite, on veut connaître la suite. La fin de ce sixième opus est l'un de ces moments (les cent vingt dernières pages environ). Ça m'a rappelé le premier tome mais je suis mauvaise langue. 

Entre ces passages, Corey essaye de mettre le plus de trucs possibles pour allonger son texte. Parfois, cela donne des chapitres amusants à lire mais en général, c'est une complexification inutile du récit et les tranches de vie des personnages sont d'un banal à trouver les bouquins de Simonon explosifs. Les personnages sont, trop souvent, inintéressants. Leur petite vie quotidienne et leurs malheurs laissent indifférent.

Pour une série qui veut révolutionner le genre space opera, c'est aussi intéressant que de rechercher la couleur du slip de Gimli dans le Silmarillion de Tolkien. On fait du surplace en sautant toutes les quinze pages d'un acteur à l'autre. Les habituels personnages sympas le restent (en gros, l'équipage du Rossinante, Bobbie et Avasarala), Holden devient supportable (sauf quand il fait ses stories instagram) et une nouvelle, Michio Pa, l'est sur la deuxième moitié du livre. Elle me laisse, tout de même, une impression de manque de finition. Vous voulez une pirate de l'espace qui vous prend par les tripes ? Lisez Bloody Marie de Martel !

Pire, le grand méchant s'écrase en flammes. Marco Inaros est quand même le gars qui tue des milliards de personne avec le charisme d'une huître et juste parce que sa bande de copains n'a pas pu s'occuper d'elle-même sur les deux cents dernières années (comme des adultes en liberté, incroyable). Ajoutez à cela sa relation avec les femmes et son fils spécial et vous avez ce genre de gars qui tue des femmes juste parce qu'elles ne veulent pas coucher avec lui (grand chevalier la main sur le cœur qu'elles ne peuvent pas comprendre). On est loin de l'antagoniste attirant et appréciable. Les Ceinturiens aiment les huîtres ?

Heureusement, comme je l'ai dit plus haut, il y a quelques passages qui sauvent honorablement ce tome de The expanse, les scènes de bataille en particulier, et Corey n'est pas avare. Il est triste que le niveau de l'enrobage soit aussi peu constant. Je pense me répéter mais Corey devrait faucher dans son texte, réduire la taille des livres et se concentrer sur ses atouts.

Bref, si vous aimez The expanse, il n'y aucune raison de changer, dans le cas contraire, ça s'arrange un peu.