Barnabéüs vient de prendre sa retraite. Ensorceleur des choses menues, il se sent fatigué, et décide de cesser son activité pour se consacrer à l'écriture de ses mémoires.
Il veut raconter comment, en tant que fils aîné d'une mage, il aurait dû prendre sa succession, mais que, contrairement à la tradition, c'est son jeune frère qui lui a été préféré. Comme les non-choisis, il s'est donc retrouvé mis à la porte de chez lui le jour de ses vingt-deux ans. Il s'est vite forgé une réputation de bon ensorceleur des choses menues dans la ville, et a su mener sa vie modestement, sans devenir riche comme son frère qui, lui, vit toujours au palais.
Inversourcier et cataphoniste, il est spécialisé dans les sorts d'inversion de source (on l'appelle régulièrement pour faire remonter l'eau dans les fontaines et dans les puits), et pour faire chauffer les cataphons (des pierres qui servent de chauffage). Sa réputation de meilleur ensorceleur lui amène un jour, alors qu'il est enfermé dans son cabinet d'écriture en train d'essayer de rédiger ses mémoires, une jeune fille désespérée. Prune est à la recherche de son fiancé. Celui-ci est parti il y a plus d'un an avec son père, un mage, faire le Haut Voyage pendant lequel un ou une mage transmet à son aîné(e) les secrets de sa magie et de ses pouvoirs. D'ordinaire, le voyage dure six mois. Inquiète de ne pas les voir revenir, Prune a décidé de partir pour Agraam-Dilith, la ville mystérieuse où seuls les mages ont le droit de se rendre.
Et pour cela, elle demande à Barnabéüs de l'aider. Celui-ci refuse, mais se trouve finalement embarqué dans la quête de Prune, secrètement intéressé lui aussi par ce voyage qui lui permettrait peut-être de comprendre pourquoi c'est son frère cadet, et non lui, qui, cinquante ans auparavant, a fait ce même voyage avec leur mère.
La première partie du roman va raconter les nombreux périples de Prune et de Barnabéüs, qui vont vivre bien des aventures, dont certaines seront très dangereuses. De nombreux dangers les guettent, car seuls les mages et les commerçants ont le droit de voyager. Un ensorceleur de choses menues ne voyage pas. D'ailleurs, Barnabéüs n'a jamais mis les pieds hors de sa ville de toute son existence. Il est persuadé que toutes les villes sont identiques à celle où il vit, que tout fonctionne de la même façon partout.
La seconde partie du roman se passe dans les terres grises, là où vivent les spectres des défunts. Une guerre va se déclencher entre mages et ensorceleurs car Barnabéüs a découvert le véritable secret des mages et ce qu'ils font réellement lors du Haut Voyage d'initiation.
J'ai beaucoup aimé la première partie du roman, même si quelques longueurs peuvent lasser ici ou là. Mais tout ce qui touche aux sorts des ensorceleurs et à leur organisation est très intéressant à lire. On comprend ainsi pourquoi les ensorceleurs n'ont pas le droit de voyager : c'est pour éviter qu'une ville ne se retrouve sans ensorceleur, car tous voudraient partir travailler dans de plus grandes villes, où ils gagneraient plus d'argent. Cela ressemble beaucoup à notre problème de désertification médicale actuelle !
Les relations entre Prune et l'ensorceleur sont également intéressantes. Le retraité hésite à confier le secret de ses sorts à la jeune fille, mais les circonstances vont l'obliger à lui en dévoiler quelques-uns. Leur périple va s'achever avec la funeste découverte de ce qu'il est advenu du promis de Prune.
Là, commence alors la seconde partie, dans les terres grises où Prune et Barnabéüs se retrouvent. J'ai beaucoup moins aimé cette partie, notamment car je n'ai pas vraiment compris les enjeux, les différents personnages, et comment tout cela s'articulait. J'ai eu la sensation que l'auteur se comprenait, lui, mais ne savait pas expliquer de façon claire ce qu'il imaginait.
Pour moi, c'était confus, je comprenais bien que Barnabéüs et ses confrères devaient se battre, mais pourquoi contre les spectres ? Pourquoi de cette façon ? Quelle est la teneur des accords conclus entre l'ensorceleur et l'Ellierim, la personne qui règne sur les terres grises ? Leur échange est pourtant détaillé, mais là encore, j'ai eu beaucoup de mal à comprendre.
Certains événements sont rapportés comme si on en avait eu connaissance avant, alors que ce n'est pas le cas. Cela perturbe encore plus la lecture. De plus, ce monde où tout est gris est morbide, dangereux, violent. La lecture devient presque oppressante et on a hâte de terminer ce roman. Ce que je retiendrai vraiment de ce roman, c'est : je n'ai pas tout compris et c'est dommage car la première partie était vraiment sympa et prometteuse.