Cinq personnages, cinq périodes différentes.
Mary, en 1663 fait partie des colons anglais qui embarquent pour aller en Amérique. Dans son journal, elle raconte le voyage, les aléas, sa condition de femme qui doit se soumettre à un homme.
Entre 1928 et 1954, Alan Turing échange des lettres avec la mère de son meilleur ami Chris, dans lesquelles il lui raconte leurs recherches. Tous deux sont intrigués par le cerveau et ses pensées, qu'ils voudraient mettre en machine. Ce sont les prémices de l'intelligence artificielle.
En 1968, Karl Detteman a mis au point un logiciel qui peut dialoguer avec un humain. Sa femme l'a prénommée MARY, en souvenir de la jeune colon dont elle a retrouvé le journal. Sa femme voudrait qu'il donne de la mémoire à MARY pour que la conversation soit plus agréable, mais le scientifique refuse catégoriquement.
En 2035, Gaby, une fillette de dix ans, a été touchée par le même virus que de très nombreuses fillettes, suite à la perte de son babybot. Paralysée dans son lit, isolée du monde, elle échange uniquement avec MARY3.
En 2040, de sa prison, Stephen Chinn écrit son journal dans lequel il raconte comment lui est venue l'idée de mettre au point une machine permettant un véritable dialogue entre une machine et un humain. Ses robots ont eu un tel succès que tous les enfants en ont très vite eu un. Cela a conduit à complètement désocialiser les enfants qui ne s'adressaient plus qu'à leur babybot. Chinn a été accusé de Mise en danger intentionnelle de la moralité des enfants, ainsi que de Création de vie mécanique et Mise en péril de la cellule familiale.
Les destins de ces cinq personnages s'entrelacent tout au long des chapitres de façon intelligente. L'écriture est maîtrisée, efficace. Mais je me suis parfois demandé si une approche moins originale, en racontant la montée de l'intelligence artificielle jusqu'à ses dangers, n'aurait pas été plus attrayante. Passer ainsi de l'un à l'autre donne parfois une impression de manque, on n'a que quelques bribes de leur histoire, et on aimerait en savoir plus. Les chapitres sur Mary, la jeune colon, n'avaient à mon sens pas besoin d'être autant détaillés, contrairement à ceux sur Gaby et sur le fléau en général qui touche la société, qui auraient mérité d'être un peu plus importants.
Un roman certes brillant mais également un peu déstabilisant car on finit la lecture en se demandant où finalement l'auteure voulait en venir en choisissant cette approche.