Les Chroniques de l'Imaginaire

Saison de rouille (Les hommes sans futur - 2) - Pelot, Pierre

Depuis l'apparition des Supérieurs, l'Homo Sapiens est relégué au rang de prochaine espèce à disparaître. Abandonnés à eux-mêmes, les derniers hommes Normaux n'en finissent plus de décliner, leur civilisation mourante.

Dans un petit coin de la ville-pays qui a un jour été le sud de la France, entre ce qui était autrefois Montpellier et Nîmes, la situation est pire encore qu'ailleurs : la pourriture y fait son œuvre, maladie mortelle dont la forme virulente peut emporter son homme en quinze jours, dans les plus atroces souffrances. Est-ce lié à la proximité des marais de Camargue, à celle de la mer Méditerranée si polluée que tous l'appellent désormais Mer Damnée ? Nul ne sait vraiment d'où vient l'épidémie. Mais elle est particulièrement contagieuse et sans remède.
L’État, ou ce qu'il en reste, a décidé d'épurer complètement la zone pour la reconstruire ensuite. Il a mandaté pour cela des compagnies privées et sans scrupule. Les habitants sont rassemblés par des chasseurs, les récalcitrants étant embarqués de force, avant d'être évacués et relogés dans des régions plus accueillantes. Du moins est-ce la version officielle.

Polynésie est bien placée pour savoir qu'en fait la destination finale des camions est une fosse commune où seront sommairement jetés les cadavres chauds des réfugiés : Elle en a réchappé de justesse. Hierro Setiembre, le chasseur, ne s'intéresse pas à tout cela : Saisi par la pourriture, il compte bien utiliser ses dernières forces pour se venger d'un autre chasseur qui lui a joué un mauvais tour. Derniers jours...

Ce second tome des Hommes sans futur est plus sombre et dur encore que le précédent. On s'enfonce dans un monde sordide et sans espoir, où la survie est une lutte de tous les instants contre le froid mordant, la maladie mais surtout les autres hommes. Les "autorités" réalisent un génocide dans l'indifférence générale. Grosso modo, c'est l'apocalypse, mais tout le monde s'en fout. On s'entretue pour un peu d'essence, une boite de haricots épicés, voire moins encore. Le précédent opus était déprimant, celui-ci est écœurant de noirceur.

Les descriptions sont poignantes et prennent aux tripes, avec des morts horribles et des scènes d'une grande violence. Pierre Pelot nous plonge dans cet univers dramatique de façon palpable, sans complaisance et sans nous laisser souffler. Pour moi, c'est un peu trop, et j'ai finalement apprécié que le livre ne soit pas trop long. C'est un roman pour les lecteurs qui aiment le post-apo bien dégoûtant et ont le cœur bien accroché. Un roman travaillé et intéressant, mais qui ne plaira pas aux âmes sensibles.

A noter que cette fois aussi, je dois faire une remarque sur l'édition : il semble que ce livre ait été scanné à partir d'une précédente édition, avec une relecture parfois trop sommaire. On y trouve très régulièrement des caractères en trop qui apparaissent au milieu des phrases ("de ! part et d'autre", "elle surveilla P alentour"), des mots à deviner ("11" pour "Il", "Line" pour "Une")... C'est dommage car cela gâche la plume aiguisée de l'auteur.