Les Chroniques de l'Imaginaire

Enfants de la Terre et du Ciel - Kay, Guy Gavriel

Je ne suis pas une habituée des romans de Guy Gavriel Kay, même si j'en ai déjà lus quelques-uns il y a longtemps. J'ai aimé ce roman parce qu'il parle de personnages simples, qui vivent des vies bien différentes, entre malheurs et réussites, et qui vont tous se croiser à un moment ou à un autre dans ce monde imaginaire, fortement inspiré du territoire des Balkans du XVe siècle. De nombreuses références à ses précédents romans sont là, en clin d’œil, mais on peut parfaitement lire ce roman sans avoir lu les précédents.

Il y a des guerres, deux religions qui s'opposent, une ville marchande qui ne pense qu'au profit. Tout cela faisant référence à des peuples, des villes, des religions existant vraiment.

Danica est une jeune femme en colère et qui ne pense qu'à se venger. Sa famille et tout son village ont été massacrés par les hadjuks. Son petit frère a été enlevé pour devenir soit un eunuque soit un guerrier combattant pour le Calife. Danica se joint à une troupe de pilleurs et, lors de l'abordage d'un navire, va rencontrer plusieurs personnages qui vont influer sur le cours de sa vie.

Leonora est la fausse épouse du médecin. Le Conseil des Douze de Séresse, la ville-marchande, l'envoie à Dubrava avec son faux mari pour y être leur espionne. La jeune femme a accepté ce rôle pour échapper à son destin de recluse, condamnée par son père à une éternelle retraite pour sauver l'honneur de la famille, après sa faute avec un homme qui ne lui était pas destiné. Les faux époux vont voir leur destin basculer sur le bateau.

Sur ce bateau, se trouve également un jeune artiste-peintre, Pero Villani. Il a été désigné par le Conseil des Douze pour une mission de la plus haute importance, mais d'une extrême dangerosité : faire un portrait à l'occidentale du grand Calife, Gurçu le Ravageur. Il a très peu de chances de s'en sortir vivant, mais il a tout de même accepté cette extraordinaire mission. Après bien des aventures, il rencontrera le Calife, fera son portrait et changera le cours du destin de toute une partie du monde.

Le navire sur lequel ces trois personnages se rencontrent appartient à la famille Djivo. Marin Djivo, le plus jeune fils de la famille d'armateurs originaires de Dubrava, va également avoir un rôle important à jouer. Après le raid des pilleurs sur son navire, il va recruter Danica comme garde du corps, pour la sauver d'un destin funeste, et peut-être également parce qu'il se sent déjà attiré par elle, mais sans se l'avouer encore.

Enfin, le dernier personnage important est Damaz, jeune guerrier de l'armée du Calife, qui n'est autre que Neven, le petit frère de Danica. Enlevé très jeune à sa famille, il n'en a que très peu de souvenirs, et est entièrement dévolu à sa nouvelle religion et à son Calife.

Tous ces personnages vont évoluer, vivre ensemble et séparément différentes aventures dont certaines vont changer le cours des événements. Les liens qui vont se tisser entre eux sont forts et remarquablement bien racontés. L'écriture est fine et maîtrisée. Les chapitres passent d'un personnage l'autre, offrant parfois un point de vue différent sur un même événement, le tout dans un décor et une atmosphère parfaitement bien rendus de cette époque où le danger est là en permanence, et où la vie d'un homme ne vaut pas grand-chose.

Combats, espionnage, trahisons, poisons, morts violentes, diplomatie, sentiments, vengeance, solidarité, danger, intrigues sont les principaux ingrédients de ce roman très agréable à lire, plus encore dans la seconde moitié, lorsqu'on commence à mieux connaitre les personnages. J'ai personnellement beaucoup aimé les chapitres sur Pero Villani, le peintre, et sa relation avec son modèle, le redoutable Calife.