Teddy, la quarantaine, a un travail honorable mais qu’il juge d’un ennui mortel : il travaille dans un cabinet d’avocats. Il vit depuis plusieurs années auprès d’une femme, Sara, dont il a appris à tolérer la présence et qui se remet doucement de la perte tragique de son fils.
Durant sa folle jeunesse, sa vie était pourtant bien différente puisqu’il n’était autre qu’une rock star, le leader du groupe Tremble. L’échec de son album expérimental et l’apparition de tensions dans le groupe lui ont fait tourner la page depuis longtemps.
Il est convaincu d’avoir fait le bon choix jusqu’à ce qu’un ancien membre du groupe lui adresse un message énigmatique : « ton héritage est accroché à la Tate Modern ». Curieux d’en savoir plus, Teddy se rend à l’exposition et découvre qu’une photographie récente de lui le présente comme un has been.
Son sang ne fait qu’un tour et, après avoir découvert qu’une petite communauté de fans de Tremble existe toujours, il décide de reprendre contact avec ses musiciens perdus de vue et de reformer le groupe. Sur le chemin, il va devoir apprendre à faire la paix avec d’anciennes querelles, renouer avec sa fibre artistique, s’affranchir radicalement de l’influence de son père, vieil avocat traditionaliste, et, plus dur encore, découvrir l’amour et le bonheur.
Thank you, Good night est un roman humoristique abordant une crise existentielle fort peu banale puisqu’elle est celle d’une ancienne célébrité. Il contient de nombreuses références humoristiques et même quelques passages carrément délirants, le tout dans l’univers de la musique et notamment du rock de la fin des années 80. Le guitariste du groupe, Jumbo Jett, est l’illustration du musicien talentueux totalement à côté de ses pompes. Ses apparitions tendent bien souvent vers la farce, surtout lorsqu’il est confronté à son opposé en la personne de Warren, l’ancien batteur depuis devenu professeur de musique au collège, père de famille comblé et décidé à le rester.
Ce livre va néanmoins au-delà en s’attaquant aux relations conjugales mais aussi à la question de la filiation et de la postérité. Bien que très drôle, certaines thématiques sont ainsi plus sombres. Il en va ainsi des aventures romantiques de Teddy, de son premier mariage dissous par sa propre trahison à son attirance pour Mackenzie la bassiste du groupe en passant par sa relation routinière avec Sara.
Le deuil est également abordé au travers de ce personnage de Sara, qui a indirectement causé la mort de son petit garçon avant de se mettre en couple avec Teddy, et de Mackenzie, dont la santé n’est plus ce qu’elle était durant sa jeunesse.
J’ai eu un peu plus de mal à suivre le cheminement psychologique du personnage principal Teddy, qui fait également office de narrateur. Celui-ci oscille entre ses rêves de gloire de jeunesse et son aspiration à une existence plus apaisée. On apprécie néanmoins de le voir rassembler peu à peu les différents morceaux de sa vie, décloisonner les différents aspects de sa personnalité (artiste dans l’âme vs avocat rigoureux) pour devenir enfin un adulte à part entière. Le dénouement est très satisfaisant à cet égard.
Il est également très amusant de voir Teddy lui-même porter un regard sans concession sur sa vie et les personnes qui l’entourent. Fait qui n'est pas anodin, l'auteur est lui-même un ancien musicien reconverti en avocat, ce qui rend son ouvrage d'autant plus perspicace.
Tout juste pourra-t'on déplorer l'aspect un peu plat de la romance entre Teddy et Sara. De même, le roman comporte une dimension finalement assez égocentrique car il tourne principalement autour des propres aspirations de Teddy en laissant peu d'espace pour les autres et notamment pour Sara.
Andy Abramowitz nous raconte donc ici une crise de la quarantaine haute en couleur, à la fois tendre et acerbe, qui ravira tous les fans de musique.