Les Chroniques de l'Imaginaire

Les Belles (Les Belles - 1) - Clayton, Dhonielle

Camélia, seize ans, n’est pas comme les autres adolescentes de l’archipel d’Orléans. Il s’agit d’une Belle. Là où la plupart des Orléanais naissent la peau grise et les yeux rouges et semblables, Camélia est née unique et colorée. Elle a le pouvoir de diffuser cette beauté autour d’elle dans un monde où les plus fortunés sont prêts à payer très cher pour être beaux, même temporairement !

Elle croit ses rêves devenus réalité lorsqu’elle est enfin présentée à la cour en compagnie des six autres Belles de sa promotion. Camélia est soumise à une épreuve de sélection dès son arrivée et son cobaye n’est autre qu’une fillette récalcitrante, qui choque l’audience en révélant qu’elle se moque de devenir belle. Parvenant à vaincre les réticences de l’enfant, Camélia contourne pourtant les règles et c’est sa meilleure amie, Ambrosia, qui obtient le titre de favorite de la Reine. Camélia va vite découvrir que dans ce monde de l’esthétique, tout n’est pas aussi beau qu’elle voudrait bien le croire.

Dès les premières pages, on ne peut qu’être surpris par l’univers créé par Dhonielle Clayton. Tout y est sucré, acidulé, plein de paillettes et de pétales de fleurs. Les personnes peuplant la cour n’aiment en outre que la beauté et sont prêtes à tout pour suivre les dernières modes. Les scènes de transformations n’épargnent pas le lecteur puisqu’elles conjuguent justement un savant mélange de paillettes, parfum et compagnie et de douleurs liées au remodelage des articulations voire au cassage d’os. 

L’inspiration française de l’univers (l’étiquette très versaillaise, les noms des maisons nobles et même le nom de l’archipel, Orléans) pourra peut-être un peu déconcerter le lecteur français. On a au départ un peu l’impression d’avoir affaire à la représentation de Versailles d’après une petite fille américaine fan de licornes… mais donc avec des passages un peu sanglants. 

Le style d’écriture de l’auteure, bien que très lisible, ne m’a pas convaincue, sans doute pour partie en raison du contraste entre cette avalanche d’éléments esthétiques dans des phrases par ailleurs assez courtes.

Face à cet univers hautement superficiel et stéréotypé à outrance, je m’attendais à une critique frontale du concept de beauté. En réalité, si cette critique est bien présente, elle emprunte davantage de chemins détournés. Il ne s’agit pas ici de démonter le concept de beauté mais de montrer comment la recherche systématique de la beauté peut conduire aux pires excès. D’ailleurs, tous les personnages se réclamant de la mode et de la beauté dans le roman ne sont pas mauvais ou dans la surenchère.

Camélia et ses sœurs, bien qu’adulées, sont les victimes de ce système dont on comprend peu à peu les aspects les plus sombres. La princesse Sophia, à l’esprit torturé par sa quête de beauté, est glaçante tant par ses actions que par ses paroles. Les autres personnages sont également bien campés, y compris Remy, le garde du corps taciturne, et Ivy, l’ancienne favorite. 

Dans l’ensemble, le récit est bien mené. On sent l’étau de se resserrer peu à peu autour de Camélia et de ses amis, inexorablement, et le suspense est donc au rendez-vous ! Même si le début de roman m’a déconcertée, je ne regrette absolument pas ma lecture et compte bien lire le prochain tome ! Ce roman plaira très certainement à ceux qui s’interrogent sur les conséquences des injonctions à la mode et à la beauté mais aussi plus généralement aux fans de fantasy Young Adult.