Les Chroniques de l'Imaginaire

Seul sur Mars - Weir, Andy

Mark Watney est le membre d’équipage le moins gradé de la troisième mission du programme Arès, visant à explorer Mars. À la suite d’une tempête de sable plus violente que prévu, ses coéquipiers et lui ont reçu l’ordre d’évacuer la planète de toute urgence. Malheureusement, blessé par une antenne arrachée, Mark a sombré dans l’inconscience. Ses coéquipiers sont repartis sans lui, le croyant mort. 

Lorsqu’il reprend connaissance, Mark réalise qu’il est seul sur Mars. Découvrant la base intacte, il décide de se battre pour survivre le plus longtemps possible. Seul sur Mars alterne les chapitres consacrés à Mark Watney, sous forme de journal de bord, et les chapitres à la troisième personne consacrés à différents personnages de la NASA, restés sur Terre, ainsi qu’au reste de l’équipe d’Arès 3, en route pour un voyage de plusieurs mois vers la Terre. Très vite en effet, la NASA se rend compte que Mark est bel et bien en vie. Une première dans l’histoire de l’exploration spatiale mais aussi un sacré problème à résoudre.

Les chapitres que j’ai le plus appréciés sont paradoxalement ceux consacrés à l’équipe de Mark et au personnel de la NASA sur Terre. Par nature, ces chapitres sont plus dynamiques puisqu’ils contiennent des dialogues. On suit plusieurs personnages avec des intérêts divergents sur le sauvetage de Mark. Venkat Kapoor, le directeur des opérations, est sans doute celui que l’on croise le plus. 

J’ai trouvé un peu dommage que, bien que la cheffe d’expédition d’Arès soit une femme, la majeure partie du roman se consacre à des personnages masculins. Le personnel de la NASA comprend des femmes comme Mindy Park, ingénieur chargée du fonctionnement des satellites positionnés autour de Mars, ou encore Annie Montrose, chargée des relations médias, mais leur rôle est très accessoire. Cela reflète sans doute une réalité du terrain mais ces personnages auraient gagné à être mieux exploités tout de même. En outre, les personnages masculins les plus développés restent finalement peu creusés : ils se limitent souvent à leur champ d’expertise et leur position sur le sauvetage de Mark, sans que l’on parvienne à déterminer pleinement leur caractère ou leurs motivations.

J’ai également trouvé étrange que la NASA soit prête à dépenser des milliards et des milliards pour la vie d’une seule personne. C’est froid à dire mais quand l’auteur décrit les équipes de travail de la NASA travaillant sans relâche, sans dormir, sans voir leur famille, les sommes d’argent faramineuses débloquées et même, la coopération avec des puissances étrangères, je n’ai pu m’empêcher de me demander : « Pourquoi ? ». Leur seul argument avancé est l’opinion publique mais cela ne me semble qu’à moitié satisfaisant.

J’ai moins accroché aux chapitres de Mark. Son style est très parlé, parfois un peu vulgaire, mais surtout empli de jargon très technique. Face aux nombreux problèmes qui surviennent, notre héros se doit de trouver des solutions techniques et nous abreuve de toutes ses considérations chimiques, physiques et biologiques. Ces explications sont sans doute fort sympathiques pour qui a la fibre scientifique. À mon grand regret, malgré une certaine curiosité, ce n’est pas le cas pour moi. J’ai donc survolé la plupart de ces explications… ce qui signifie aussi que je n’ai lu qu’en diagonale la plupart du récit. On me souffle à l’oreille que le Robinson Crusoé d’origine, celui de Daniel Defoe, comportait aussi son lot d’explications techniques mais je ne saurais vous en dire plus, ne l’ayant jamais lu. Je m’attendais pour ma part à un meilleur équilibre entre considérations techniques et considérations psychologiques, lesquelles sont presque absentes du récit. 

Au-delà de ces critiques, le récit n’est pas dépourvu d’humour, dans le journal de Mark notamment, et conserve tout au long un rythme assez efficace, malgré les cours de sciences.

Dans cette édition collector, le roman est suivi d'une courte nouvelle, écrite plus tardivement, Journal d'un CanAstro, relatant un entraînement de la mission Ares 3 à travers le journal de Mark. Elle constitue plus un clin d’œil au récit principal qu'une aventure en tant que telle.

En résumé, je n’ai pas vraiment apprécié ma lecture de Seul sur Mars. Je pense que ce roman plaira surtout aux amateurs de sciences, et donc de hard science-fiction, et particulièrement à ceux qui nourrissent un intérêt pour les programmes d’exploration spatiale.