Cela fait des années qu'Eric n'a pas revu sa famille, depuis qu'on l'a envoyé chez sa tante alors qu'il était enfant. Son abandon fait suite à un accident dans la scierie familiale. Il ne se souvient pas de ce qui s'est produit, mais il a perdu sa main, coupée par une scie circulaire. C'est un homme à présent, marié, futur papa, et fauché. Il n'a eu d'autre choix que de demander à sa mère un logis le temps de retrouver un travail. Le voilà donc de retour dans la scierie familiale, chez sa mère et ses deux frères, mariés avec enfants.
Eric et Elise ne se sentent pas les bienvenus dans cette propriété perdue au fond des bois vosgiens, encore profondément ancrée dans la ruralité et loin du monde moderne. Sa famille regarde d'un mauvais œil Eric, informaticien de formation, et Elise, une enfant de la DDASS. On les tient à l'écart et Elise a le sentiment qu'il se trame quelque chose dans cette exploitation...
Mauvaise main est un véritable roman noir, truffé de secrets, lourd d'une atmosphère sombre et malsaine, par lequel on se laisse facilement happer. Malgré la belle-sœur Annabelle, qui apporte sa part de bienveillance dans cet univers familial tordu, l'ambiance est oppressante. On comprend rapidement que ce n'est pas avec ce que rapporte la scierie que la famille peut s'offrir des équipements électro-ménagers dernier cri ni une belle voiture. Que se trame-t-il dans ce coin des Vosges ?
De même, l'accident d'Eric n'en était pas un, nous le savons depuis le début. Mais qui a fait le coup ? Qui a soulevé le petit Eric pour le projeter sur la scie circulaire ? Et, par là même, qui voit particulièrement d'un mauvais œil son retour dans la propriété ?
La place d'Elise est particulièrement angoissante. Elle ne savait rien de cette famille et la voilà coincée chez eux, en fin de grossesse, loin de la ville, consciente d'un malaise qui couve et ne pourra qu'exploser un jour. C'est elle que nous suivons principalement et sa peur est palpable, contagieuse même. Elle vit une véritable plongée en enfer et nous entraîne avec elle.
Gilbert Gellerne a parfaitement réussi sa mission. On avale les pages, tenus en haleine par cette intrigue maîtrisée qui ne fait que gagner en intensité.
Un excellent roman qu'on a du mal à lâcher.