Les Chroniques de l'Imaginaire

Braises de guerre (Braises de guerre - 1) - Powell, Gareth L.

La guerre de l'Archipel entre les Extérieurs et le Conglomérat, qui s'est arrêtée après que ce dernier a démontré les extrêmes où il était prêt à aller pour gagner en détruisant la jungle consciente de Pelapatarn, a eu des conséquences profondes. Ainsi, Le Chien à problèmes, un croiseur lourd de classe Carnivore ayant participé à la dernière atrocité de la guerre, a demandé, et obtenu, d'être désarmé et de rejoindre la Maison de la Récupération, dont la mission est de se porter au secours des vaisseaux en péril dans l'espace, d'où qu'ils viennent et quels que soient leurs occupants. Ces croiseurs étant construits autour de cellules d'humain et de canidé, cela signifie qu'elle souffre d'avoir perdu sa meute, et presque autant d'avoir été privée de tous ses crocs autres que défensifs.

La capitaine du Chien, Sally Konstanz, commandait une frégate médicale pendant la guerre et a vu de près la dévastation de Pelapatarn, où elle a récupéré Alva Clay, qui fait depuis partie de son équipage à bord du Chien.

Ashton Childe, qui se sent très seul et oublié dans la jungle de Cichol, se lie d'amitié avec Laura Petrouschka, ce qui ressemble le plus à un collègue sur cette planète perdue, et peu lui importe si elle est censée être une ennemie récente, disons pour le moins une adversaire. Quand il reçoit l'ordre de prendre le prochain vaisseau qui se présentera, un croiseur lourd de classe Carnivore, pour aller récupérer la poétesse Ona Sudak naufragée dans une zone contestée de la galaxie, il part avec Laura à bord du Chien.

Tout ne va pas pour le mieux à bord du vaisseau, dont la mission précédente s'est mal passée, ravivant des tensions entre Sally Konstanz et Alva Clay, et qui a perdu son médecin expérimenté, remplacé par un jeune pistonné incompétent. Bien sûr, l'arrivée de ces deux "barbouzes" va ajouter à la tension ambiante.

L'histoire est racontée principalement du point de vue du Chien, de Sal Konstanz, et d'Ashton Childe, avec entre autres des interventions de Nod, un autre membre d'équipage appartenant à une race extraterrestre, les Druffs, dont la vocation semble être de réparer toute partie de l'univers sur quoi ils peuvent intervenir. Ces interventions alternent harmonieusement, et chacun a son ton particulier, ce qui rend la lecture à la fois agréable et intéressante, en donnant accès à l'intériorité spécifique de ces personnages.

Si l'action est quasi constante, comme dans à peu près tout space opera qui se respecte, le rythme est bon, au sens que les moments d'apaisement sont assez nombreux pour éviter au lecteur de s'essouffler. Par ailleurs, le moment où se déroule le roman, après la fin d'une guerre qui n'a pas vraiment connu de vainqueur, et dont certains participants rêvent de revanche, alors que d'autres ne supportent même plus l'idée d'un conflit armé, donne une sorte de tension sous-jacente plaisante. D'une certaine façon, ces deux positions autour de la guerre sont incarnées dans le Chien, et c'est ce qui donne une partie de sa richesse au personnage. L'histoire de la Maison de la Récupération, par ailleurs, est intéressante en soi et jouera son rôle dans l'intrigue.

Bien sûr, l'univers de ce roman, tout comme certains ressorts de l'intrigue, évoque celui de Iain M. Banks, et d'autres. On ne peut guère parler d'originalité à son propos. Il n'empêche que les personnages principaux, et leur évolution, sont intéressants, que les Druffs m'intriguent, et surtout que l'écriture très agréable de l'auteur en ont fait pour moi un vrai page turner. A ce propos, j'aurais quand même souhaité que la concordance des temps en français soit mieux respectée par le traducteur, mais ce n'est qu'un léger bémol.

En somme, c'est un roman qui ne révolutionne pas le genre, mais qui est assez distrayant à lire pour que j'attende la sortie de la suite avec intérêt. Je précise à ce propos que même si c'est le premier tome d'une trilogie prévue, il peut parfaitement se lire seul.