Les Chroniques de l'Imaginaire

La libraire de la Place aux Herbes - Kermel, Eric (de)

Nathalie ne supporte plus vraiment bien sa vie parisienne. De plus, elle et son mari, Nathan, sont tombés amoureux de la ville d'Uzès. Quand elle y voit une librairie à vendre, elle le prend comme un signe. C'est décidé, elle quitte l'Education Nationale pour devenir libraire dans cette boutique joliment située sur la place où se déroule le marché deux fois par semaine. Son mari, architecte, voyage beaucoup et peut aussi bien être basé à Uzès qu'à Paris ou ailleurs. Quant à Elise et Guillaume, leurs enfants, ils ont l'âge de voler de leurs propres ailes.

Non seulement ce travail au milieu des livres, en soi, la rend heureuse, mais il lui permet aussi de rencontrer des gens qui, pour certains, deviendront des amis. Et il est logique que l'ex-prof de littérature rencontre en premier la jeune Cloé, qui a tant de mal à affirmer ses propres goûts littéraires, dans l'ombre d'une mère écrasante. Mais il y aura aussi Leïla, qui apprend à lire dans les livres de Nathalie, Jacques, le passant qui veut mourir en chemin, Philippe, le voyageur, le beau Bastien...

Cette galerie de portraits, fort heureusement, n'en est pas une, car l'auteur entrelace habilement la vie de ces personnages avec celle de Nathalie et de sa famille, le cas de Sœur Veronika étant exemplaire à cet égard. Le sous-titre du roman, "Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es", décrit assez bien l'entrée en relation de la libraire avec ses clients : elle passe par les propositions de titre qu'elle leur fait. A ce sujet, j'ai trouvé que mettre en annexe la liste des titres correspondant aux différents chapitres était une excellente idée.

Toutefois, j'ai bien regretté que ces ouvrages ne comportent aucun roman "de genre", qu'il s'agisse de littérature de l'imaginaire ou de polars. Non seulement je l'ai considéré comme un parti pris intello-élitiste, ce qui m'a agacée, mais de surcroît cela m'a rendu énigmatique le sous-titre mentionné plus haut, du fait que je n'ai pas lu la majorité des textes cités, vu que je ne lis que fort peu de littérature dite "blanche". Sans doute qu'un lecteur intéressé par les nouveautés et les rentrées littéraires sera plus sensible à ce roman.

Pour ma part, je l'ai pris comme une lecture sympathique, dont l'appartenance à la mouvance "feel-good" n'est pas trop présente, ni trop pesante pour qui ne dévore pas forcément ces livres-là.