Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Doulos - Lesou, Pierre

Maurice Faugel, dit Maur, est sorti de taule il y a six mois pour vol avec effraction et association de malfaiteurs. C'est lui, Maur la Châtaigne, qui a permis à ses complices Bobo, René et Gilbert de s'arracher du lieu du casse. Depuis sa sortie, il vit chez Gilbert qui s'occupe de lui comme un frère. Mais voilà, depuis quinze jours, Maur est ébranlé par les révélations de Bobo le clown lors d'une soirée bien arrosée. Arlette, la femme de Maur, n'est pas morte noyée pendant qu'il était en prison, c'est Gilbert qui l'a tuée pour éviter qu'elle les balance aux condés. 

Depuis, Maur veut se venger ; mais toujours lié par son amitié, à chaque fois il renonce, à cause d'une parole, d'un geste ou d'une attitude de son ami.

Un soir, Gilbert lui propose un braquage pour se remettre en selle. Maur lui demande alors un flingue car il ne se sent plus en état depuis sa sortie de prison. Pendant qu'il est occupé sur son bureau, Maur braque sur lui le pistolet mais est sur le point de renoncer lorsque Gilbert se retourne et voit l'arme pointée dans sa direction. Là, il comprend que son ami sait pour Arlette, il tente de se redresser mais Faugel l'abat d'une balle en pleine poitrine. Ensuite il efface toute trace et s'enfuit avec l'argent caché de son ancien complice.

Arrivé chez sa copine Thérèse, il reçoit la visite de son ami Silien, une légende de la pègre car il n'échoue jamais dans ses coups et sort toujours indemne de ses confrontations, même avec les flics. Le problème avec lui, c'est que tout le monde le soupçonne d'être un doulos, une balance.

Tous les amis de Maur lui disent de se méfier mais malgré toutes ces mises en garde il lui voue toujours autant de sympathie et l'apprécie pour ce qu'il est même s'il reste une énigme. Ce soir, il est là pour ramener du matos pour le braquage que Maur doit faire dans la nuit avec Rémy. Méfiant quand même, il ne donne aucune précision à Silien sur le cambriolage.

Après leur départ, Silien revient chez Thérèse et à partir de là tout part en vrille pour Maur Faugel.

Sorti en 1957, ce livre de Pierre Lesou a été adapté au cinéma par Jean-Pierre Melville avec Jean-Paul Belmondo et Serge Reggiani dans les rôles de Silien et Faugel.

Quel plaisir de lire ce polar, de retrouver l'usage de l'argot, ce langage de voyou imagé ! L'écriture est sombre, l'intrigue bien plus complexe qu'il n'y parait et le dénouement tellement ironique pour notre héros. L'auteur dépeint un monde de la pègre qui n'a rien d'héroïque, ce ne sont que cambriolages foireux, voyous plutôt minables qui se trahissent, s'entretuent.

Les thèmes de la vengeance, de la trahison sont présents dans ce polar et l'on dévore ce livre pour découvrir ce qu'il va advenir de Maur. Car Lesou s'acharne sur notre héros qui du début à la fin en voit de toutes les couleurs. C'est un vrai roman noir où l'on suit les déboires d'un personnage dont on sent qu'il glisse inéluctablement vers un destin funeste.

Cette lecture a été une découverte en dépit du fait d'avoir vu le film bien avant, grâce à une écriture indémodable, des thèmes toujours d'actualité et une époque révolue qui me laisse toujours nostalgique.

Amoureux des années soixante, des polars, des dialogues d'Audiard et de personnages un peu losers, je vous conseille fortement ce livre !