Les Chroniques de l'Imaginaire

Les secrets d'Eole (L'Envolée des Enges - 2) - Krust, Claire

La mort du Raniarque apporte une lueur d'espoir aux enfants d'Hélias : C'est en effet sous son ascendant qu'ils avaient vu leurs libertés progressivement réduites, leur peuple de plus en plus méprisé et opprimé. Justement, le successeur d'Erini, son petit-fils Hélias, est nettement plus favorable aux enfants d'Hélias, dont il porte le nom : son meilleur ami est un jeune Enge déficient, lui-même est fils d'une Elbe et il a suivi les enseignements très ouverts de Sujin, un Être de l'Eau. Mais comme il est jeune et inexpérimenté, et que les nobles raniens ne veulent surtout pas voir les choses changer, la partie n'est pas gagnée.

On retrouve dans Les secrets d'Eole tous les personnages rencontrés dans L'Envolée des Enges, premier tome du diptyque de Claire Krust. Chacun poursuit son chemin comme il peut : Céléno, l'Enge tiraillée par les ailes volées à Eole, décide de retourner au Pilier dans l'espoir d'y trouver une solution ; elle y découvrira les origines du cataclysme qui a ravagé la péninsule un siècle auparavant. Sujin, qui a repris goût à la vie, oeuvre pour ramener un équilibre paisible entre hommes et enfants d'Hélias, tâche qui semble bien mal engagée. Quant à Arhan, le jeune métis métamorphe aux dons d'empathe, il voudrait surtout recouvrer sa liberté et se soustraire à ses ennemis, qui l'utilisent comme cobaye pour de mystérieuses expériences.
Si le récit se concentre sur deux ou trois personnages, il y a en fait un bon nombre de personnages secondaires, qui permettent de balayer les différentes réactions possibles aux événements : résignation ou combat, vengeance ou pardon, etc. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise voie, juste des personnes différentes qui font leurs propres choix.

Le récit a un rythme rapide, avec des situations qui évoluent de manière incessante même si ce ne sont pas toujours de gros bouleversements. La politique reste basique, mais fait suffisamment de remous pour agiter les personnages. On n'a pas le temps de s'ennuyer, mais ces rebondissements sont surtout l'occasion pour l'autrice de nous fournir un bon nombre de réponses aux mystères soulevés précédemment. On va ainsi en apprendre plus sur le passé, que ce soit celui des peuples de manière générale ou celui des personnages. Si vous vous demandiez par exemple pourquoi Céléno porte les cheveux courts, fait déjà évoqué à de nombreuses reprises mais que l'autrice avait soigneusement évité de nous expliquer, vous aurez ici votre réponse, parmi nombre d'autres.

Il me reste pourtant un petit goût de manque, tout n'est pas aussi abouti que je l'aurais souhaité. J'attendais davantage de détails, notamment sur les créatures mythiques ou les prêtres d'Hélias, qui me semblent finalement sous-employés dans l’intrigue. Certaines péripéties m'ont paru un peu parachutées, tirées de nulle part ou n'apportant pas grand chose. Bref, moi qui n'aime pas les longueurs, j'ai l'impression que le roman aurait gagné à être plus long de quelques chapitres !
Le roman se termine sur une fin qui n'est en fait qu'une continuation, les problèmes les plus immédiats sont résolus, mais rien n'est réglé sur le long terme. La reconstruction commence à peine. L'avenir peut évoluer dans une voie comme dans une autre, claire ou sombre, le devenir des enfants d'Hélias restant fort incertain. Que vont devenir les quelques Enges survivants, les Elbes et les Êtres de l'Eau, sans parler des Quatrièmes ? Personnellement, je n'aurais rien contre une suite qui prendrait part quelques années plus tard !

Globalement, c'est donc un diptyque que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. Malgré quelques faiblesses, il mélange suffisamment d'ingrédients intéressants pour être plaisant et donner envie d'avancer dans sa lecture, et il se lit agréablement et rapidement.