À Tokyo, la cérémonie de clôture du célèbre championnat de réalité virtuelle Warcross approche à grands pas. Malheureusement, c’est aussi le moment où son fondateur, le jeune Hideo Tanaka, veut généraliser la mise à jour de son réseau de réalité augmentée, NeuroLink, accessible à travers des lentilles oculaires.
Emika Chen, ancienne joueuse professionnelle de Warcross et chasseuse de primes, a passé sa jeunesse à aduler Hideo. Elle croit vivre en plein rêve lorsqu’il lui demande de l’aider dans ses projets et entame une idylle avec elle. La jeune femme coupe cependant court à leur relation lorsqu’elle découvre que NeuroLink permet le contrôle mental de ses possesseurs… et à Hideo de rendre justice par lui-même.
Alors que les vagues de suicides se multiplient parmi les criminels, Emika est bien décidée à arrêter son ancien amant, même si elle doit pour cela s’allier avec les Blackcoats, un groupuscule du Dark World aux intentions obscures. Dans sa quête, elle pourra également compter sur l’aide de son ancienne équipe de Warcross, les Phoenix Riders.
Le second et dernier tome de la série Warcross nous entraîne dans un monde où s’enchevêtrent réalité, rêves, souvenirs et virtualité. Notre héroïne passe d’une dimension à une autre au gré des événements et c’est avec plaisir qu’on la suit, chacune d’elle amenant son lot d’action – plus ou moins dangereuse en fonction de son degré de « réalité » - et de développement relationnel entre les personnages. J’ai particulièrement apprécié les descriptions d’un Tokyo augmenté ou du Dark World. Les arènes totalement virtuelles aux décors épiques (antre de dragons, stations spatiales) qui servent de lieux d’affrontement pour les parties de Warcross m’ont paru un peu moins intéressantes, peut-être parce que ce sont justement des zones temporaires, qui ne donnent pas lieu aux interactions plus ordinaires que l’on retrouve dans le monde réel ou dans le Dark World. Car c'est bien dans la manière dont elle croque la vie quotidienne des habitants de cet univers dystopique que Marie Lu s'avère la plus talentueuse.
Emika est une héroïne très attachante, qui tente de démêler le vrai du faux non seulement dans les univers qu’elle traverse mais aussi dans ses relations avec Hideo et les Blackcoats. Les personnages secondaires, qu’ils se trouvent du côté des Phoenix Riders ou des Blackcoats, sont bien campés. Les scènes de souvenirs, savamment incorporées à l’intrigue, leur confèrent davantage de profondeur. Outre le personnage d’Emika, le personnage d’Hideo est bien sûr au cœur du récit. Son positionnement moral est très intéressant et montre une fois de plus que des intentions louables peuvent avoir de terribles conséquences. Le contraire est également mis en exergue par les Blackcoats, dont certaines des actions discutables contribuent au bien-être de tous.
Le rythme du récit est intense. Certains ouvrages alternent les phases contemplatives avec des phases plus rythmées. Ce n’est pas vraiment le cas ici ! La tension est omniprésente. On passe plutôt de scènes d’affrontement, de vrais concentrés d’action à l’état pur, à des scènes d’action un peu moins intenses, qui autorisent des dialogues un peu plus nombreux entre personnages. La biographie de l’auteure précise que Marie Lu a d’abord connu une première carrière comme créatrice de jeux-vidéos. On le croit sans peine à la lecture de cet ouvrage. Et même sans rechercher son genre de prédilection, on devine qu’il s’agissait plus de hack’n’slash que de point & click.
La série se conclut en beauté. Les arcs narratifs des différents personnages sont résolus mais surtout la conclusion revient sur une réflexion morale à l'égard de la technologie, des limites à lui donner mais aussi des avantages à en tirer.
La revanche est un roman young adult fascinant et rythmé qui plaira à tous les fans de jeux-vidéo, d’univers dystopiques et d’aventures en cascade.