Nous sommes dans un petit village africain, où la jeune Tannicia est dans une colère noire, pour l'heure. Son frère a triché à un jeu et, pour la calmer, sa mère l'envoie injustement chercher de l'eau à la rivière. Tannicia s'y rend, à contre cœur, avec Wawa, son étrange animal domestique. Mais bientôt, le silence se fait, Wawa est introuvable et Tannicia est purement et simplement enlevée. Lorsqu'elle se réveille, elle est entourée d'hommes déguisés en divers animaux, qui veulent l'utiliser pour un étrange rite...
Mais Tannicia ne l'entend pas de cette oreille. Elle parvient à s'échapper et à fuir, tout en étant affublée d'un étrange collier que ses ravisseurs lui ont donné. Ce dernier semble interagir avec Tannicia, qui s'endort, pour se réveiller de nouveau, mais cette fois dans un monde très différent du sien.
Ainsi, dans ce nouvel environnement, Tannicia est entourée d'êtres étranges, qui sont de vrais animaux, pour le coup, mais qui se mettent à parler. Ainsi, Tannicia fait vite la connaissance d'habitants de la mangrove, qui sont D'jo, Choubère et Merline. Tannicia doit ainsi commencer par se choisir un nouveau nom, et ce sera Zibeline. Personne ici n'a jamais vu d'être dépourvu de plumes, de poils ou d'écailles et il va maintenant falloir aider Zibeline à retrouver son village. Et pour cela, ce n'est pas dans la mangrove que les réponses se trouveront, mais bien à CMT Jupiter, la grande ville locale...
Ainsi, Zibeline va de surprise en surprise, dans cette grande ville, où elle découvre d'étranges coutumes. Tout se paye, à CMT Jupiter, y compris les conseils. Zibeline et ses compagnons de la mangrove vont ainsi aller de conseil en conseil, pour se retrouver en audience devant le roi de la cité. Un immense gorille, étrange et joueur, qui ne semble vite être que la marionnette de celui que tous appellent le chancelier...
Il est surprenant de retrouver un dessinateur comme Mohammed Aouamri aux crayons sur une série jeunesse. Ce premier tome de Zibeline, scénarisé par Régis Hautière et Régis Goddyn, et mis en couleurs par David Périmony, est tout de même bien différent des séries comme Saga Valta, ou encore La Quête de l'Oiseau du Temps, qui donnent bien plus dans une fantasy bien plus sombre. Qu'à cela ne tienne, le dessinateur parvient vite à retrouver son style, empreint de forêt sombres et profondes, dans ce premier tome de Zibeline.
Ainsi, le lecteur suit le personnage de Tannicia et frémit avec elle, au fur et à mesure de son évolution. Le personnage est attachant et tout ce qu'il y a de plus mignon, et c'est avec beaucoup d'intérêt qu'on fait également la connaissance de ses amis, et de tous ces personnages aux têtes d'animaux, qui donnent encore une fois à Mohammed Aouamri l'occasion de s'éclater avec des expressions sorties d'ailleurs.
On alterne ainsi, dans ce tome, entre des passages lumineux et des endroits bien plus sombres, en fonction de l'avancée des héros dans leur aventure. Il est également à noter que la première édition de ce tome offre l'occasion d'admirer un cahier graphique de toute beauté, avec de superbes crayonnés bruts de Mohammed Aouamri, qui sont parfois plus fins et travaillés que ce qu'on peut trouver dans les planches colorisées. Une occasion de se demander si une édition en noir et blanc serait éventuellement prévue par Casterman, comme cela avait déjà été le cas pour Saga Valta, d'ailleurs...
Ce premier tome de Zibeline est une franche réussite qui plaira à un vaste lectorat, et il me tarde de découvrir la suite.
