Les Chroniques de l'Imaginaire

1937 - Spanish Circus (Une vie : la biographie retrouvée - 4) - Perrissin, Christian & Martinez, Guillaume

Dover Winston Smith est au plus bas, à son retour de Chine. Le vieux Wilkinson est décédé et Land Priors a bien changé, depuis ce décès et la disparition d'Edna. L'endroit est devenu un hôtel, et Julia y travaille comme repasseuse, alors même qu'elle est une des principales donatrices. Dover n'aura plus rien à faire à cet endroit, et c'est vers le vieux Ashwood qu'il se retourne. Pour apprendre qu'il n'a strictement rien à voir avec les liens de paternité qu'il imaginait...

Alors, lors de cet automne 1926, Dover doit se mettre à chercher un emploi pour survivre, dans une Angleterre où le chômage est partout. Il fait la plonge dans un restaurant, et la seule occupation qui lui donne un peu de baume au cœur n'est autre que l'écriture de son roman, qui racontera son voyage en Chine, et l'année qu'il a passée là-bas. Dover se souvient alors de Meredith, une jeune fille de bonne famille, certes jolie, mais qui manque singulièrement de relief. Dover n'est pas du tout amoureux de cette fille, mais il sait qu'il tient là une opportunité de revenir dans une famille argentée...

Alors, le plan de Dover est machiavélique : il va profiter de la naïveté de Meredith pour la mettre enceinte. Une fois cela fait, la jeune fille devra forcément l'épouser... Mais les événements seront vite tout autres, puisque la carrière professionnelle de Dover va se débloquer, grâce à ses dons naturels pour l'écriture, et l'intérêt de son éditeur pour les quelques pages de son roman. Mais c'est justement à ce moment là que Meredith tombe enceinte... Une situation que Dover a du mal à accepter. Mais lui, à qui il a manqué un père dans son enfance, ne peut se résoudre à faire endurer la même chose à son fils...

Pour autant, la supercherie sera tout de même découverte, et c'est vers Blair, un ancien d'Eton, que Dover va se tourner. Le garçon n'est autre que le George Orwell qui fait de plus en plus entendre parler de lui, suite à ses deux premiers romans. Il se trouve que Blair s'est mis en tête de partir pour l'Espagne, afin d'y défendre les idées de la République. Un combat qui change de l'écriture, du tout au tout, mais dans lequel Dover va vite se retrouver plongé également...

Nous sommes en 1937, dans ce quatrième tome de Une vie. Guillaume Martinez et Christian Perrissin nous régalent toujours avec ce récit d'une vie folle et bien remplie, avec leur personnage de Dover Winston Smith (qui n'est autre qu'un héros de George Orwell dans son célèbre roman d'anticipation, 1984).

Le lecteur ne pourra que s'attacher, de nouveau, à ce personnage et à sa vie palpitante. Dover est au plus mal lorsque démarre ce tome, et bien des événements lui permettront de rebondir, même si ses intentions sont loin d'être pures, notamment avec cette relation subie avec Meredith. Les personnages ont toujours autant de charme et de crédibilité : on croise ici, outre George Orwell, Aldous Huxley, auquel Dover et Meredith vont rendre visite, en Italie.

La lecture de ce nouveau tome est parfaitement fluide, malgré la présence de quelques flash-backs. La narration est parfaite : Christian Perrissin maîtrise ici parfaitement le sujet. Les dessins de Guillaume Martinez sont, également, toujours aussi réussis : les expressions sont convaincantes, les décors également ; rien de spectaculaire cependant, mais on tient là le graphisme efficace qui est dans la même lignée que les autres productions de ce dessinateur, les trois premiers tomes inclus.

Ce quatrième tome de Une Vie, qui paraît chez Futuropolis, nous permet de nous replonger dans une existence folle, intelligente et intéressante. Il me tarde de découvrir la suite de ce récit !