Lorsqu'il s'agit de sauver une princesse dans un château assailli par des hordes de monstres, il peut être difficile d'agir, lorsqu'on est dans la peau du preux chevalier. Ou au contraire, cela peut être très facile, car on est tout simplement largement au-dessus du lot des monstres en question. Et c'est justement le cas pour Raowl, qui se surnomme lui-même la Bête. Ce dernier n'hésite pas à trancher dans le vif, au sens propre, pour se frayer un chemin et sauver la, forcément, faible et jolie princesse en difficulté...
Mais pour cette dernière, la surprise peut aussi être de taille, notamment lorsqu'on s'attend à voir arriver un beau chevalier blond, tout en muscles, et que l'on voit débouler Raowl... Il peut même arriver que la princesse en question refuse, tout simplement, de se laisser embrasser, par celui qui vient pourtant de la sauver. Pas évident, donc, pour Raowl, qui se voit maintenant affublé d'une nouvelle mission : trouver un prince charmant digne de ce nom, pour la princesse en question. Une princesse qui, entre parenthèses, a tout d'une chipie trop gâtée...
Pourtant, Raowl, cette mystérieuse créature tout en muscles et en humour, cache bien des secrets. Notamment, Raowl est capable de se transformer en preux chevalier blond, uniquement lorsqu'il éternue. Et c'est lorsque le chevalier en question se met en colère que reparaît Raowl. Deux êtres en un, mais qui sont tous deux totalement différents l'un de l'autre. Une caractéristique pour le moins surprenante, notamment lorsqu'il sera question d'affronter des dragons, ou encore des cannibales...
C'est Tebo, un des auteurs de Captain Biceps (avec un certain Zep...), qui nous régale avec ce premier tome de Raowl, une série à l'humour caustique et certain, qui paraît aux éditions Dupuis. Immédiatement, on reconnaît la patte de Tebo, avec des dessins très clairs, presque simplistes, qui font la part belle à une lisibilité exemplaire. Attention, lorsque je dis simpliste, c'est bien dans le bon sens du terme : il n'est sans doute pas facile d'arriver à un tel niveau de maîtrise, avec des cadrages parfaitement trouvés, et des tronches incroyables, qui ont vite tendance à faire hurler de rire le lecteur.
D'ailleurs, outre le dessin, c'est aussi grâce à la narration et aux dialogues incisifs, empreints d'un humour corrosif, que le lecteur se régale avec ce premier tome de Raowl : il n'est pas une page où les protagonistes ne se lancent de véritables vacheries à la figure, dans des situations toutes plus cocasses les unes que les autres. Et la magie du neuvième art prend immédiatement, avec cet humour si singulier, un peu comme dans des épisodes de Kaamelott, qui bénéficient aussi de l'humour si particulier et efficace d'Alexandre Astier.
Ce premier tome de Raowl est un petit bijou d'humour et d'intelligence : à lire et à relire, de sept à soixante-dix-sept ans !