Le premier volume de cette intégrale contient les ouvrages Morsure secrète, La Valkyrie sans cœur et Charmes, trois premiers tomes de la série Les ombres de la nuit, qui en comprend dix-neuf au total.
Morsure secrète
Lachlain, un loup-garou, a recherché son âme sœur pendant plus de mille ans avant d’être enchaîné dans les catacombes parisiennes par des vampires. Une nuit, il sent la présence de son âme sœur tout proche et parvient à se défaire de ses entraves. Il découvre que sa bien-aimée n’est autre que Emmaline Troie, fille d’un vampire et d’une Valkyrie.
Je dois avouer ne pas avoir été conquise par ce premier roman.
La rencontre entre les deux protagonistes s’avère plutôt violente et cette violence physique et psychologique se poursuit pendant une bonne partie du récit. Or, je me sens toujours très mal à l’aise face à des scènes qui font l’apologie des rapports de domination en mode « embrasse-moi, tu sais que tu en as envie, ou je te tue et fais du mal à ta famille ». Certes, le personnage masculin, Lachlain, a des circonstances atténuantes : avoir été torturé, avoir attendu des siècles sa « promise » mais il reste malgré tout sacrément macho. On a aussi droit à une avalanche de scènes sexuelles. Les quelques dialogues tournent d’ailleurs souvent autour de ce sujet.
C’est bien dommage car les quelques scènes de combats entre créatures surnaturelles sont plutôt bien écrites. D’ailleurs, les tantes Valkyrie d’Emmaline et les amis de Lachlain sont des personnages qu’on prend plaisir à découvrir et qui apportent un peu de corps au récit, même s’ils demeurent survolés.
La Valkyrie sans cœur
Sebastian Wroth a été transformé en vampire par ses frères aînés, Nicolaï et Murdoch, contre son gré. Pendant trois siècles, il a vécu en reclus en attendant qu’une bonne âme vienne le détruire et le délivrer par là même de son sort. Il croit cette heure arrivée lorsque Kaderin la Sans-Cœur le tient à la pointe de son épée. Pourtant, pour une raison inconnue, Kaderin ne peut se résoudre à le tuer. La Valkyrie qui, victime d’une malédiction, ne peut plus ressentir d’émotion, se sent troublée par le séduisant vampire.
Je redoutais de retomber sur le même schéma violent que celui du premier tome. Heureusement, il n’en est rien et la lecture de ce second tome de la série s’avère sympathique. On en apprend plus au passage sur l’histoire de Nicolaï Wroth, le mari de Myst et donc oncle par alliance de l’héroïne du premier roman, Emmaline. Dans l’ensemble, les personnages déjà croisés sont mieux campés et leurs relations gagnent en complexité.
La rencontre entre Sebastian et Kaderin est plus romantique que celle des héros du tome précédent, bien que le mécanisme demeure en fait le même : nos deux protagonistes sont destinés à être ensemble. La conquête de Kaderin par Sebastian s’apparente plus à une cour qu’à des menaces sexuelles, ce qui est également beaucoup plus plaisant. On comprend en outre bien mieux les dilemmes auxquels sont confrontés les héros, entre volonté de se confronter à un passé douloureux, de satisfaire aux exigences sociales et familiales mais aussi de profiter de leur propre vie.
L’action est également bien plus au rendez-vous ! La quête menée par Kaderin insuffle un véritable rythme au récit. On la suit aux quatre coins du monde, aux prises avec des monstres ou des adversaires surnaturels ne reculant devant rien. Ce monde, celui du « Mythos », est toujours aussi cruel mais on en découvre plus sur ses règles et ses habitants et il s’avère donc bien plus élaboré que dans le tome 1. En outre, l’humour est aussi beaucoup plus présent, que ce soit dans les interactions entre Kaderin et ses sœurs ou entre elle et Sebastian.
Que les amateurs de scènes érotiques se rassurent : ce tome en comprend quelques-unes. L’équilibre est cependant mieux trouvé. Les dialogues ne tournent pas autour de cela et ces scènes de sexe, bien qu’assez longues, sont moins nombreuses ; l’accent étant donc mis sur l’action au sens plus traditionnel du terme et le développement des relations affectives entre personnages.
Ce tome représente un vrai saut qualitatif pour la série, que les amateurs de romance surnaturelle auraient tort de se priver de lire.
Charmes
Bowen est un loup-garou cruel et tourmenté. Plusieurs siècles auparavant, il a perdu son âme sœur, Mariah. La jeune femme s’est tuée en cherchant à tout prix à lui échapper. Incapable de s’en remettre, il a un temps compté sur sa participation à la quête du Talisman pour revenir dans le passé et sauver Mariah mais la victoire de Kaderin a réduit ses espoirs à néant. Pour mettre toutes les chances de son côté lors de la Quête, Bowen a emprisonné une jeune sorcière, Mariketa l’Attendue
À nouveau, la voie de la séduction emprunte celle du chantage. Et ça, c’est à l’opposé du romantisme. Du coup, malgré un univers de mieux en mieux dépeint et un peu d’action, je n’ai pas réussi à vraiment apprécier ce tome. Si je l’ai lu en entier, je me suis demandé si ce serait le besoin de nourriture, les humiliations répétées ou les attouchements non consentis qui auraient raison de la protagoniste et la pousseraient à accepter son sort et coucher avec son geôlier. Cela m’a attristée de retomber sur ce genre de choses assez nauséabondes après les nombreuses qualités du tome précédent.
Il y avait pourtant du potentiel pour faire de ce volet un bon successeur au deuxième tome : Mariketa est un personnage intéressant, qui a l’air de savoir ce qu’elle veut, et, avant de devenir l’un des protagonistes phare de ce tome, le personnage de Bowen était à la fois mystérieux et empli de charme. Nul doute que ce tome trouvera ses fans malgré tout.
Pour résumer, cette intégrale rassemble les tout premiers tomes de la série et est donc de qualité inégale, Kresley Cole mettant un peu de temps à trouver son rythme de croisière. L’univers est de plus en plus travaillé et les personnages de mieux en mieux caractérisés à mesure qu’on avance dans la série. L’érotisme est également mieux dosé même si les relations entre personnages ne sont pas toujours romantiques. La couverture, à la fois sombre et énigmatique, est joliment conçue. La série Les ombres de la nuit a un réel potentiel et c’est sans aucune peine que les amateurs de bit-lit se laisseront convaincre d’en lire les tomes suivants.