À quatorze ans, Yukio Tanaka voit déjà son avenir tout tracé : une longue succession de jours mornes qui ne lui donneront rien de valable à écrire dans sa future autobiographie. Comble de malchance, Ishiguro Sempai, une fille plus âgée avec qui il était ami en primaire, est devenue une vraie femme avant qu’il ne la rejoigne au collège et ils ne s’adressent plus la parole. Son nouvel ami, Tanabe, ne pense qu’à reluquer les filles et à jouer à Street Fighter 2 dans une salle d’arcade.
Un jour comme les autres, il se fait repérer par Ishiguro en train de l’observer alors qu’elle fait sa gym, avant de se faire tabasser dans la rue pour avoir porté assistance à une vieille dame. Lorsqu’il reprend connaissance, c’est pour s’apercevoir qu’un groupe d’enfants moleste un chien prénommé Beck, à l’allure étrange, ressemblant à une peluche rapiécée. Malgré ses blessures, Yukio ne peut s’empêcher de vouloir secourir l’animal. Heureusement, son maître, Ryûsuke, arrive à ce moment-là et le jeune homme ne subit pas de deuxième lynchage. Il ne le sait pas encore mais ce jour va aussi marquer le début de ses aventures.
On suit avec plaisir le personnage de Yukio, jeune adolescent, un peu tête en l’air et un rien déprimé, qui veut toujours bien faire mais se retrouve pris dans des problèmes plus gros que lui. Surtout, il ne comprend rien à l’univers rock dans lequel il est plongé et tente de l’assimiler avec une naïveté toute touchante. On a hâte de le voir évoluer au contact de ses nouvelles connaissances.
Plus qu’Ishiguro, c’est un autre personnage féminin qui a attiré mon attention, celui de la sœur de Ryûsuke. Adolescente élevée aux États-Unis et peinant à s’acclimater à son Japon natal, elle n’a pas sa langue dans sa poche et son propre arc narratif promet d’être intéressant.
Le personnage de Ryûsuke, star de rock en devenir, est un savant mélange de sociabilité, de talent et d’ambition. Si les dessins ne m’ont pas plus conquise que cela, la manière dont il est représenté sort un peu du lot. Quelle que soit la scène, sa posture et ses expressions lui confèrent un charisme ou une aura que n’ont pas les autres personnages. C’est très bien joué étant donné la fascination que ce guitariste exerce justement sur les autres ! L’aspect visuel de Beck est également très bien trouvé, tour à tour effrayant et mignon.
Ce tome s’achève par des « clefs de compréhension », qui permettent de mieux appréhender certaines références culturelles ainsi que certains choix de traduction. Il donne aussi des conseils sur la manière de prononcer les noms des personnages.
Pour résumer, Beck est un manga qui conviendra à ceux à la recherche d’une histoire sur la genèse d’un groupe de rock avec un héros non pas charismatique mais un peu lunaire.