Pendant six ans, Juliana St. Albans a attendu en vain puis porté le deuil de son premier mari, Rhys Vaughan, épousé en secret et avec lequel elle n’a guère passé plus de temps que leur nuit de noces. Elle était heureuse de s’occuper seule de Llynwydd, un domaine gagné aux cartes par son père auprès du père de Rhys, et qui faisait partie de sa dot. Toutefois, sentant venir la trentaine et ne voulant pas se priver du bonheur de fonder une famille, Juliana s’est résolue à se remarier avec un homme dont elle n’est pas amoureuse, Stephen Wyndham, marquis de Devon.
Le jour de ses fiançailles, un étranger s’avance pour contester cette décision. Quelle n’est pas sa surprise de découvrir qu’il s’agit de Rhys, bien vivant ! L’homme ne tarde d’ailleurs pas à réclamer le domaine de son père et sa femme. Embrigadé de force dans la marine par les frères de Juliana, Rhys est bien décidé à se venger de tous les St. Albans, à commencer par la jeune femme qu’il croit complice.
Après un prologue centré sur le retour de Rhys, le premier tiers du roman est consacré à la rencontre de Juliana et Rhys, à l’éclosion rapide de leur amour et à leur mariage tout aussi bref. Cette première partie est très légère et fleur bleue et contraste avec la suite. En effet, on repasse au « temps présent » pour le reste du roman, avec les conséquences du retour de Rhys. Dès lors, le récit se centre sur les tourments des deux protagonistes avec, d’un côté, un homme s’estimant trahi mais ne pouvant renoncer à l’amour qu’il porte à son épouse et, de l’autre, une femme innocente qui veut tout faire pour gagner la confiance du mari qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Il s’agit sans contexte de la partie la plus intéressante du roman car Rhys semble bien décidé à ne pas se laisser attendrir par Juliana et à ne pas écouter ses protestations d’innocence.
Ce roman nous présente, de manière plus succincte, une seconde histoire d’amour : celle de Lettice, l’ancienne femme de chambre de Juliana, et de Morgan, ami de Rhys également enrôlé de force. Cette romance-là constitue un contrepoint bienvenu de celle de Rhys et Juliana. Confronté à la même situation, Lettice et Morgan vont réagir très différemment.
Mon seul amour possède une atmosphère particulière car l’histoire se déroule au Pays de Galles, sur fond de rivalités entre Gallois et Anglais. Rhys est d’ailleurs gallois tandis que Juliana est bien entendu anglaise. Nous avons également droit à quelques clichés au passage (les Anglais distants émotionnellement, les Gallois dépravés…). L’auteure ne s’est toutefois pas arrêtée à cette simple idée de différend culturel, déjà vue et revue, mais a décidé de mettre l’accent sur la poésie galloise. Les deux protagonistes en sont épris et n’hésitent pas à en citer des passages. Chaque début de chapitre commence par une citation d’un poète gallois célèbre (Dafydd ap Gwilym, Siôn Phylip ou William Williams Pantycelyn par exemple). Aussi, même si cette thématique n’intervient qu’en arrière-fond, elle constitue un vrai plus pour cette histoire somme toute assez banale autrement. J’ai pris plaisir à lire ces vers et à découvrir des poètes que je ne connaissais pas.
Je recommande donc avant tout Mon seul amour aux lecteurs de romance fans de poésie ou du Pays de Galles.