Les Chroniques de l'Imaginaire

Clémence sénile - Fauque, Jean-Charles

Un professeur d'université à la retraite mène une petite vie tranquille, entre ses saouleries hebdomadaires avec son vieil ami P'tit Lu et ses cafés avec Madeleine. Mais un jour il vient à la rescousse de Delphine, une jeune fille cliente elle aussi de sa kiné. A partir de ce moment, ils prennent l'habitude de se rencontrer, au prétexte qu'il l'aide dans ses études. Elle finit par s'imposer chez lui, et jusque dans son lit.

Ses amis s'inquiètent de la possibilité d'une escroquerie, d'autant qu'il perd de plus en plus la tête, mais lui n'en a cure. Un jour, toutefois, au cours d'une dispute entre eux, Delphine tombe malencontreusement et sa tête heurte la cheminée. Un accident.

Ce polar est particulier au sens où on n'assiste pas vraiment à une enquête, même si un personnage de policier y fait quelques brèves et rares apparitions. Il est raconté principalement du point de vue du professeur, mais aussi, à l'occasion, de celui de ses amis, Madeleine et P'tit Lu, ce qui est bienvenu car cela permet d'en apprendre beaucoup plus sur ces personnages, qui manquaient cruellement de relief vus par le narrateur principal. La narration de ce dernier est double : il raconte son histoire avec Delphine, et ce qui s'en est ensuivi, mais certaines interventions datent à l'évidence d'un temps et d'un état physique et mental postérieurs.

Il est difficile de parler de ce roman sans trop déflorer l'intrigue, et je trouve à cet égard le résumé de l'éditeur bien trop explicite ! Pour ne rien dire de la couverture, superbe au demeurant. L'auteur, dans son roman, maintient habilement l'ambiguïté, au moins pour les deux premières "morts accidentelles" (ou pas). J'ai trouvé également que les interventions "postérieures", dont l'intérêt n'est pourtant guère évident a priori, enrichissaient la perception du personnage, en montrant sa violence intérieure.

En somme, un roman bien fait, aux personnages ambigus et nuancés, dans des tons de gris, avec une fin ironique à souhait. Et comme il procurera possiblement des frissons à ceux qui craignent l'approche de la vieillesse et de son cortège de misères petites et grandes, c'est une lecture parfaite pour l'été.