Londres, XIXe siècle. Cette année, Halloween tombera en même temps que la pleine lune. Une année spéciale donc, puisque cette nuit là s'affronteront ouvreurs et fermeurs. Les premiers cherchent à ouvrir un Portail par lequel s'engouffreront les Anciens Dieux (vous savez bien : Cthulhu et ses copains, si chers à H.P. Lovecraft...), prêts à répandre la terreur sur le monde ; les seconds au contraire feront tout pour garder fermé ledit Portail. Cet évènement exceptionnel se prépare durant tout le mois d'octobre.
Snuff n'est pas qu'un simple chien. Il est le familier d'un des joueurs, Jack. Ce sont des fermeurs, mais... chut ! Il ne faut pas le dire. Le Jeu est en effet doté d'un ensemble de règles que les joueurs suivent avec plus ou moins de bonne volonté : ne pas dévoiler son camp, ne pas tuer de joueur avant la nouvelle lune... Durant ces derniers jours, les participants et leurs familiers furètent de tous côtés, que ce soit pour mettre la main sur les derniers ingrédients qui manquent à leur préparatifs ésotériques (ingrédients qui impliquent souvent une partie d'un corps humain, et que l'on exhume donc dans les cimetières quand on n'assassine pas pour se les procurer) ou pour garder un œil sur leurs voisins. Sans compter la collecte d'objets magiques impliqués dans le Jeu, de savants calculs pour déterminer le lieu exact pour la cérémonie et la gestion des impondérables.
Mais ces joueurs, qui sont-ils ? Les protagonistes de cette histoire ne vous sembleront pas inconnus, même s'ils ne sont pas tous nommés expressément. Pas besoin de chercher trop loin : Jack, qui arpente les rues de Londres la nuit armé d'un grand couteau, ne peut être que Jack l'éventreur ; le Comte, un vampire dont le familier est une chauve-souris, est Dracula ; le Bon Docteur, qui utilise l'orage perpétuel au dessus de son labo pour donner vie à un homme artificiel, se nomme à coup sûr Frankenstein. Et ainsi de suite, même si certains personnages représentent plus des archétypes ou ne sont pas aussi aisément identifiables.
Certains de ces personnages ne participent pas réellement au Jeu, mais gravitent autour. Ils complexifient la situation, car personne ne sait vraiment qui joue réellement, ce qui rend le jeu encore plus intéressant.
Le récit est raconté par Snuff, le chien de Jack. Tous deux sont joueurs depuis longtemps et ont à leur actif de nombreuses participations. Le regard canin de Snuff apporte une certaine originalité à l'ensemble, car il se focalise plus sur les familiers que sur les joueurs eux-mêmes.
Le roman se présente sous la forme d'un décompte : Chaque chapitre correspond à un jour du mois d'octobre. Mais les premiers jours ne sont pas forcément plus tranquilles que les derniers ! J'ai été un peu déçue par la fin, rapidement expédiée et qui n'est pas à la hauteur de l'attente.
Le tout est bourré d'humour, de clins d’œil de l'auteur qui ne se prend jamais au sérieux, cela se boit comme du petit lait. C'est surtout cela qui fait le charme de ce livre.
Le livre contient également un prologue présentant l'auteur et le roman. Je l'ai trouvé un peu pédant, Timothée Rey y étale sa science de Roger Zelazny en citant tous ses ouvrages et en disséquant les diverses références de son livre. Il y propose des hypothèses sur les identités des personnages, met en avant quelques passages... J'en retiendrai surtout que la conjonction du 31 octobre et de la pleine lune a lieu tous les dix-neuf ans, avec une prochaine occurrence l'an prochain !