Émeraude Kelly a trente-trois ans, un groupe d’amis soudés, les Fantastiques, un poste dans le marketing pour une entreprise d’arrosoirs et un studio dans le 16e arrondissement parisien, non loin de ses parents. La jeune femme est pourtant loin d’être heureuse. Ses amis réussissent mieux qu’elle, son travail l’ennuie profondément, son studio n’a rien à voir avec le château de sa grand-mère où elle passait ses étés durant son enfance et elle a l’impression d’avoir déçu ses parents en n’étant pas plus brillante. Les deux sujets la préoccupant le plus sont son poids et son absence de relation sentimentale stable.
Un jour, alors qu’elle broie du noir, Émeraude rencontre Maud Perrin, une vieille artiste un peu excentrique qui lui révèle être également coach en fantastique. Maud utilise en effet l’imaginaire comme méthode de développement personnel. Elle ne tarde pas à proposer à Émeraude de l’aider à conquérir ses rêves. Pour cela, la jeune fille devra se soumettre à dix épreuves.
Émeraude Kelly est une sorte de Bridget Jones à la française mais avec moins d’autodérision. Pour cette raison, son personnage m’a un peu moins séduite que son homologue américain. Je me suis même plutôt agacée de son côté pessimiste et très princesse – sa passion, ce sont les films Disney. Vivre dans le 16e, avoir un emploi stable avec un salaire suffisant pour sortir plusieurs fois par semaine et s’acheter des vêtements de luxe, une famille et des amis aimants, avoir un IMC normal et être célibataire depuis quelques mois seulement, ce n’est pas exactement ma définition de quelqu’un passant à côté de sa vie. Je comprends que même les plus riches puissent être malheureux mais la pauvre Émeraude n’a aucune forme de résilience.
Bien entendu, il faut qu’il en soit ainsi au départ pour nous puissions la voir progresser personnellement au cours de son coaching. Au fur et à mesure des épreuves, Émeraude gagne en confiance, en indépendance, apprend à faire les premiers pas et à adopter un regard plus positif sur le monde. Il va sans dire aussi que sa vie ne se métamorphose si facilement que parce qu’elle était auparavant son propre obstacle à l’accomplissement de ses rêves. Les épreuves concoctées par Maud s’appuient sur de vraies méthodes de développement personnel, que j’ai pu croiser dans mon milieu professionnel, et qui peuvent donc fonctionner dans la vie réelle. Si Émeraude avait été une mère célibataire au chômage luttant pour joindre les deux bouts, ces techniques auraient pu lui servir également, même si sa situation aurait eu plus de mal à s’améliorer seulement grâce à cela. Eh oui, je suis restée bloquée toute ma lecture sur ma première impression du personnage principal.
Le roman surfe sur l’idée du conte de fées moderne. Les références à l’univers Disney sont nombreuses. La protagoniste en étant fan, sa coach lui propose des défis pour la plupart inspirés de cet univers. Elle devra ainsi être d’une bonne humeur sans faille comme Mickey Mouse ou discuter avec Peter Pan, son enfant intérieur. D’autres défis empruntent à des contes traditionnels (Le Petit Poucet), l’art (Renoir, Salvador Dali) ou la pop culture (Beyoncé). Évidemment, tous les défis sont relevés avec succès et sans aucun souci par la protagoniste. On aurait souhaité un peu plus de tension narrative. Une romance est d’ailleurs introduite à peu près à la moitié du récit mais elle se met en place tellement simplement qu’elle n’offre malheureusement aucun suspense.
Le tout se lit donc rapidement. Le style d’écriture, s’il n’est pas spectaculaire, est maîtrisé. Autre point positif, la couverture est assez jolie et est en lien avec le récit.
Pour résumer, Les 12 travaux d’Émeraude Kelly qui voulait changer sa vie est un livre de développement personnel tout autant qu’un roman. Le roman pèche par son manque de tension narrative et son héroïne un peu trop gâtée mais devrait plaire aux amateurs de romans feel-good, de préférence très fleur bleue. Surtout, les techniques délivrées sont pertinentes et pourraient être utiles à certains. Les lecteurs intéressés par ce sujet seront d’ailleurs heureux de découvrir un petit livret reprenant l’ensemble des exercices à la fin de l’ouvrage, à photocopier et à compléter par soi-même. L’auteure tient également un blog, les Mondes de Carole-Anne, pour ceux curieux d’en apprendre plus sur le coaching par l’imaginaire.