Malgré les horreurs de la retraite de Russie, Téméraire et ses camarades échouent à capturer Napoléon en fuite. Ils sont bien conscients que cela implique d'assister à son retour au printemps, mais Koutouzov notamment traîne les pieds à l'idée de poursuivre leur avancée vers la France. De surcroît, Téméraire et Iskierka partent à la recherche de leur oeuf, volé en Chine par les Français, à l'instigation de Lien.
Ils sont capturés dans les Alpes, avec leurs capitaines et Tharkay, et amenés à Paris. Là, Laurence découvre avec horreur une assemblée internationale de dragons impressionnante : si tous acceptent d'accorder au moins leur neutralité à Napoléon, qui leur promet des terres où vivre sans interférence humaine, la Grande-Bretagne est perdue !
Ce roman est mieux équilibré que certains en terme de dialogues et de scènes d'action. On a également le plaisir d'y retrouver des personnages, draconniques ou humains, rencontrés dans les autres tomes : les Prussiens du tome 3, les Tswanas du tome 4 et du tome 7, les anciens compagnons de Téméraire dans le tome 5, les dragons incas (et le Sapa Inca) du tome 7, et le colonel (devenu général) Zhao Lien du tome 8, par exemple. Comme souvent, l'action se déroule principalement sur deux théâtres d'opération, en l'occurrence la Russie et la France, suffisamment contrastés pour être particulièrement intéressants.
Ce neuvième et dernier tome, outre qu'il constitue une fin plaisante à cette série, est bon en soi, avec des personnages ayant gagné en maturité et/ou en réalisme, dans le cas de Téméraire et Laurence surtout. Ils sont également plutôt moins manichéens que d'habitude, ce qui les rend à la fois plus réalistes, et donc crédibles, notamment dans le cas du Sapa Inca et des Tswanas.
On y voit une bonne conclusion non seulement à la guerre contre Napoléon, mais aussi à la lutte des dragons britanniques pour se faire reconnaître comme êtres pensants, citoyens à part entière. Ce dernier point n'est pas donné comme achevé, mais le contraste avec le début de la série est suffisant pour être à la fois réaliste et satisfaisant. Enfin, l'humour est toujours présent, incarné principalement ici dans le brillant rejeton de Téméraire et Iskierka.
Le rapport à l'Empire tel qu'il a existé dans notre monde reste bien géré, même si a priori le fils de l'Empereur n'est pas en danger vital, protégé qu'il est par sa mère et leurs dragons, et si les ennemis de Napoléon ne courent pas le risque de l'envoyer en exil dans une île méditerranéenne, mais l'expédient d'emblée à Sainte-Hélène.
En somme, tous ceux qui ont aimé la série, et qui ont suivi jusqu'ici Téméraire et son capitaine ne sauraient se passer de ce tome bien construit et bien équilibré, qu'il valait définitivement la peine d'avoir attendu des années.