Les Chroniques de l'Imaginaire

Le gardien de mon cœur (Les seigneurs - 3) - Jarecki, Amy

Reid Mackenzie, comte de Seashore, entreprend un voyage sur le continent avec un riche industriel anglais, M. Kennet, pour supplier Jacques, le prétendant au trône soutenu par la cause jacobite, de se convertir au protestantisme. Malheureusement, leur navire est attaqué et M. Kennet perd la vie, non sans avoir auparavant demandé à Reid de devenir le tuteur de sa fille unique, Audrey. Quelle n’est pas la déconvenue du jeune homme lorsqu’il réalise qu’Audrey n’est pas une enfant mais une femme à peine plus jeune que lui, qu’il va devoir rapidement marier à un homme respectable.

Audrey Kennet est affligée par la perte de son père mais entend bien rester maîtresse de sa vie. Elle est ulcérée lorsqu’elle apprend qu’elle ne pourra hériter de son père que si elle se marie. Elle se sent en outre étrangement attirée par son agaçant tuteur. 

Le gardien de mon cœur est un roman se découpant en plusieurs parties, de taille inégale, et qui ne m’ont pas toutes autant plu. 

La première partie se déroule en Angleterre, dans le domaine de la famille Kennet où Reid est obligé de demeurer quelques temps pour régler la succession. C’est le théâtre des premières attirances entre les deux protagonistes. Bien que le rythme du récit y soit au départ assez lent, j’ai beaucoup apprécié cette partie du récit qui s’attache à détailler le caractère des deux héros, nous présente des personnages secondaires sympathiques – y compris le cheval, Alonzo – et pose les enjeux du récit. Reid y apparaît comme un homme pris en étau entre plusieurs engagements et respectueux, dans une certaine limite, du désir d’indépendance d’Audrey. La jeune femme révèle quant à elle un côté vulnérable, causé par des remarques blessantes durant son éducation, mais aussi une certaine détermination à ne pas être une simple « potiche ». Le rythme du récit s’accélère progressivement, avec des scènes d’action dont l’issue est de plus en plus incertaine, pour se finir vers le départ des héros pour l’Écosse et le début de la seconde partie du récit.

La seconde partie du récit nous montre la fuite effrénée des héros et offre donc dans un premier temps une succession de scènes d’actions qui s’arrêtent brutalement à leur arrivée dans un refuge temporaire. Le rythme du récit s’y trouve donc inversé par rapport à la première partie et on retombe sur un calme plat, plus propice à nouveau au développement de la romance. Si cette pause est bienvenue pour le côté romance du récit, elle dessert en revanche le côté aventure en cassant totalement la tension narrative qui s’était installée. En changeant de décor, on change aussi en outre de personnages secondaires. Les lecteurs de la série reconnaîtront ainsi certains des héros précédemment mis en scène par l’auteure mais les autres, dont je fais partie, auront des difficultés à s’attacher à ces nouveaux personnages quelque peu parachutés dans le récit. Dans cette partie, le caractère des deux personnages principaux évolue également. Reid y apparaît davantage comme un rustre, prêt à faire passer ses pulsions avant ses responsabilités, tandis qu’Audrey, sous l’emprise de l’amour, remise son indépendance au placard pour jouer la femme au foyer modèle.

Heureusement, la troisième partie renoue avec l’action… et les personnages renouent eux-mêmes avec leur personnalité de la première partie. Cette dernière partie se passe également en Écosse mais sur les terres du comte et offre une résolution satisfaisante à toutes les questions soulevées lors de la première partie.

Pour résumer, Le gardien de mon cœur est une romance à la construction un peu bancale mais qui met en scène des personnages sympathiques et donne la part belle à l’action… la plupart du temps.