Le dénouement est proche, pour les personnages de Grass King et des alentours, constitués par les villes de Cargill et de Raven. On en apprend ainsi plus sur la relation entre Humbert Jr, shérif de Cargill, et de son père, Humbert Sr, ancien shérif de la même ville. Un homme violent, qui a du mal à faire confiance à son fils, à le laisser prendre les décisions à sa place. Des habitudes mauvaises, qui ont la vie dure, et qui ont la fâcheuse tendance à perdurer, même chez Humbert Jr...
Du côté de Grass Kings, la résistance se met en place. Robert et Archie gagnent une île voisine, pour aller à la rencontre de Barko, un homme millionnaire, qui cache des activités sans doute pas très reluisantes sur cette île. Comme les autres à Grass Kings, Barko n'a sans doute pas envie de voir débouler l'armée et les flics chez lui. Il devrait accepter, sans trop de mal, de fournir des armes et des munitions, histoire de pouvoir tenir le siège qui se prépare...
Car les tireurs d'élite se mettent en place, peu à peu. Et c'est finalement Archie qui va en faire les frais, du haut de son mirador. Non qu'il va en mourir, mais en tout cas il est maintenant hors d'état de nuire... Et c'est Shelly et Allison qui vont prendre le relais, avec un bus qui va leur permettre de mitrailler à tout va... Jusqu'à ce qu'un missile vienne rapidement changer la donne.
Et ce sont bientôt Bruce et Maria, qui vont avoir une sacrée surprise, en fouillant dans la maison d'Humbert, à Cargill... Des notes étranges, trouvées dans une poubelle, qui vont les amener vers Hemingway, l'auteur tranquille, qui est venu là pour finaliser ce qu'il appelle l'oeuvre de sa vie. Une oeuvre qui va se révéler assez hallucinante...
Matt Kindt, Tyler Jenkins et Hilary Jenkins, respectivement au scénario, aux dessins et aux couleurs, nous content là une histoire qui se déroule presque en huis-clos, quelque part au fin fond des Etats-Unis ruraux. Un endroit calme, qui a attiré des personnages aux caractères forts, venus chercher ici la tranquillité, après un passé ailleurs, plus ou moins lourd. Chacun des personnages a ainsi une place de choix dans ce dénouement, comme cela était d'ailleurs déjà le cas dans les deux premiers tomes de cette série.
L'auteur de Dept. H, dont les quatre tomes sont également parus chez Futuropolis, se régale clairement avec ce nouvel univers, ces nouveaux personnages, et cela se ressent dans chaque dialogue, dans chaque planche. En cela, le travail de Tyler Jenkins est franchement bluffant : les dessins sont magnifiques, les visages sont, la plupart du temps, taillés à la serpe, n'ayant rien à envier au travail de Jeff Lemire dans Winter Road, chez le même éditeur. Le travail à la couleur est également remarquable : chaque case est minutieusement travaillée, dégage une coolitude absolue, avec ces grands aplats de noir qui sont parfois nécessaires.
Grass Kings est une série à l'ambiance parfaitement amenée : il n'y a qu'à voir la couverture pour s'en convaincre, et se dire que tout le reste est du même acabit. Il me tarde de découvrir la prochaine série des mêmes auteurs, qui devrait s'appeler Black Badge !