Nova est une Prodige, une jeune fille douée de super-pouvoirs. Orpheline, elle a été recueillie par les Anarchistes, un groupe de vilains dont son oncle Ace est le chef. À sa demande, elle infiltre les Prodiges chargés de défendre la population du mal, les Renégats. Délaissant le nom de Nightmare, une anarchiste capable d’endormir d’un simple contact tous ses ennemis, elle adopte alors l’identité d’Insomnie, jeune fille ne parvenant pas à dormir. Elle a pour mission de retrouver le casque de son oncle pour lui restituer ses pouvoirs, quitte à séduire le bel Adrian pour y parvenir. Nova est convaincue que son oncle n’est pas le génie du mal que l’on dit et que les Renégats ne sont pas les modèles de vertu qu’ils prétendent être. Malheureusement pour la jeune fille, si les frontières entre le bien et le mal sont effectivement floues, cela n’en rend sa mission que plus dure, surtout lorsqu’elle s’éprend véritablement d’Adrian.
Adrian est à la tête d’une équipe de Renégats. Connu comme Sketch, il est capable de donner vie à ses dessins. Il est obsédé par la mort de sa mère, qu’il n’a pas su éviter lorsqu’il était enfant, et cherche à tout prix à retrouver son meurtrier. Les règles de vie des Renégats sont malheureusement très strictes et ne lui permettent pas de mener l’enquête comme il le voudrait. À l’insu de tous, il se tatoue donc des super-pouvoirs supplémentaires et devient la Sentinelle, justicier flirtant avec la légalité. Le risque est élevé s’il se fait prendre, d’autant plus que ses pères adoptifs sont à la tête des Renégats et que la jeune fille qu’il convoite, Nova, méprise cordialement la Sentinelle.
Ce tome 2 du Gang des Prodiges repose sur une avalanche de faux-semblants et d’identités secrètes. Si Nova/Nightmare/Insomnie ignore qu’Adrian est en fait la Sentinelle, qu’elle considère comme un frimeur, Adrian/Sketch/Sentinelle ignore que Nova est Nightmare, une Anarchiste qu’il croit morte et dont il ne pleure pas vraiment la disparition. Au milieu de tout cela, les deux protagonistes eux-mêmes peinent à se rappeler qui ils sont vraiment et quelles sont leurs priorités.
Cet ouvrage interroge en outre fortement les questions de loyauté, de devoir et de justice. Si les méchants ne sont pas entièrement mauvais et les gentils pas entièrement bons, quelle est alors la voie à suivre et comment savoir si on ne s’écarte pas trop de ses propres principes moraux en voulant plaire à ceux qui nous aiment ? Si les deux héros sont, au départ, aveuglés par la haine qu’ils ressentent à la suite de la mort de leurs parents et par leur désir de vengeance, leur regard se fait de plus en plus nuancé au fil du récit.
Ajoutez une histoire d’amour, des relations amicales et filiales au milieu de tout cela et vous aurez donc des héros sacrément torturés. De manière étonnante, l’intrigue demeure pourtant assez simple à suivre. Narré tour à tour du point de vue d’Adrian et de Nova, le livre dévoile très bien les tourments de chacun et ne se résume de toute manière pas à des aspects psychologiques. Il est écrit de manière très accessible et comprend de nombreuses scènes d’action faisant la part belle aux super-pouvoirs des personnages. J’avoue m’être, au départ, sentie perdue au milieu de tous ces super-héros et de leurs capacités spéciales car je n’avais pas lu le tome précédent. Heureusement, une anti-sèche est présente en début d’ouvrage, ce qui permettra aux nouveaux lecteurs de prendre la série en route sans trop de peine et aux fidèles de se rafraîchir la mémoire.
J’ai été agréablement surprise par cet ouvrage. Contrairement à la tendance actuelle, je ne suis absolument pas fan des histoires de super-héros, qui me semblent souvent alambiquées, creuses et trop déséquilibrées en faveur de scènes d’action explosives. Vous l’aurez compris, ce n’est absolument pas le cas ici. Une fois compris les enjeux – d’ailleurs en miroir – des deux protagonistes, l’histoire est simple et les scènes d’action viennent servir l’histoire de manière efficace, sans esbroufe. Le cœur du récit reste la classique quête d’autonomie adolescente, ou comment s’émanciper du milieu dans lequel on a grandi pour devenir un être à part entière avec ses propres valeurs morales.
Je conseille donc certes cet ouvrage aux amateurs de super-héros ou de super-vilains mais aussi à tous ceux à la recherche d’un roman initiatique fort en dilemmes moraux.