Les Chroniques de l'Imaginaire

Les délices de Tokyo - Sukegawa, Durian

Sentarô Tsujii travaille à Doraharu, un marchand de dorayaki, pâtisseries japonaises ressemblant à des beignets et constituées de deux pancakes et de pâte de haricots rouges. Le temps lui semble long car il n'est pas passionné par la cuisine. Il voulait être écrivain mais une série de mauvais choix l’a conduit en prison. Sans l’aide financière et affective de l’ancien propriétaire de Doraharu, il se serait retrouvé à la rue. Sentarô tient donc maintenant la boutique pour sa veuve jusqu’à ce qu’il ait remboursé sa dette.

Un jour, une vieille femme aux doigts noués, Tokue Yoshii, vient postuler à l’annonce qu’il a postée. Sentarô est d’abord réticent à l’engager car il pense que son apparence pourrait faire fuir les clients. Il découvre cependant qu’elle réalise la meilleure pâte de haricots rouges qu’il ait jamais goûtée et se résout à l’engager. Tokue ne tarde pas à lui devenir indispensable. Au départ confinée dans la cuisine, elle parvient peu à peu à gagner sa place dans la boutique et à converser avec les clients. Elle se lie d’amitié avec Wakana, jeune fille taciturne à la situation familiale compliquée, et parvient même à attendrir Sentarô.

Malheureusement, la vieille dame est contrainte de quitter son poste subitement. Sentarô et Wakana tentent alors d’en apprendre plus sur cette curieuse pâtissière et vont, en chemin, se découvrir également eux-mêmes.

Ce court roman se compose de deux parties. Dans la première, on assiste à la rencontre d’un Sentarô déprimé avec une Tokue spirituelle et optimiste. On en apprend plus sur la philosophie de vie de Tokue et sa manière très personnelle de réaliser sa pâte de haricots. À l’inverse, Sentarô, dont on suit le point de vue à la troisième personne durant tout l’ouvrage, est depuis bien longtemps désenchanté et ses crises de désespoir font écho à l’optimisme de Tokue. La seconde partie du roman renverse un peu la tendance puisqu’il est temps pour tous les personnages, dont Tokue, de trouver la paix. Elle est bien plus philosophique et flirte même par moment avec le fantastique.

Bien qu’il aborde des sujets durs comme la dépression, la maladie ou la mort, Les délices de Tokyo est une belle leçon de vie et d’espoir ! Et, cela ne gâche rien, les pâtisseries préparées et savamment décrites par Durian Sukegawa ont toutes l’air succulentes !

J’ai aussi beaucoup apprécié la couverture, réalisée par Tatsuro Kiuchi, qui dépeint Sentarô et Wakana.