Benoit est un jeune orphelin. Il est recueilli par une femme, qu'il appelle sa Tante. Sa Tante adore cuisiner, mais cette passion n'est pas réciproque ! En effet, ses essais culinaires sont hasardeux, elle ose des mélanges improbables (par exemple un "haggis caramélisé servi avec une mousseline d'avoine aux câpres chocolatées") et ses plats sont rarement bons.
Mais peu importe pour le jeune garçon, il mange ce qu'il peut et surtout observe sa Tante. Celle-ci ferme systématiquement sa chambre à double-tour, impossible pour Benoit de savoir ce qu'elle y cache. Et régulièrement, une fois par mois, elle disparaît toute la nuit.
En grandissant, il en apprend un peu plus sur le métier de sa Tante : elle achète des maisons en viager pour les revendre lorsque le propriétaire meurt. Elle a une sorte de don pour deviner les bons clients, c'est-à-dire ceux qui vont mourir dans un délai de maximum un mois.
C'est comme cela que Benoit se retrouve un soir à devoir veiller toute la nuit un client fraîchement mort, tandis que sa Tante est sortie pour sa mystérieuse activité mensuelle.
Cette nuit va changer le cours de sa vie. En effet, il va faire une rencontre étonnante avec un ectoplasme.
Il y aura donc des esprits, des morts, des spirites et même des extra-terrestres.
C'est un roman étrange. Les personnages sont étranges, l'histoire aussi, mais le plus remarquable dans ce roman, c'est l'écriture.
L'écriture de Claro est particulière, dense, puissante ; les phrases sont longues, très longues (la plus longue fait quatre pages ! Heureusement, c'est une exception), c'est à la fois poétique et chargé. On sent que l'auteur aime la langue française, qu'il aime jouer, jongler avec les mots, les phrases, les marques de ponctuation.
Je ne résiste pas à l'envie de citer Claro sur le sujet de l'abduction (les enlèvements par les extra-terrestres) avec cet extrait qui montre bien le style "métaphor-humoristique" qui caractérise le roman : "ILS s'offraient parfois une biscotte humaine dont ILS étudiaient de façon cavalière les rares composants, avant de la relâcher, beurrée de confusion."
Cela bouillonne, foisonne, tourbillonne... On aurait presque envie parfois d'un peu de légèreté pour reposer notre esprit toujours en ébullition. Mais c'est un exercice de lecture qui change de l'ordinaire et que j'ai fini par apprécier au fil des pages.
C'est un roman qui laisse le lecteur admiratif, mais qui peut aussi lasser. Il faut persévérer. Il ne faut pas le lire pour se vider la tête.
C'est un roman qui se mérite !