Les elfes sylvains des Céliandes ont capturé le fils héritier de la famille régnante d'une tribu de gobelins. Depuis lors, les belliqueux petits bonshommes verts se tiennent à carreau. Après avoir laissé les elfes profiter du caractère (de chien) du fiston, le chef gobelin passe un contrat avec la compagnie mercenaire des Crocs de fer.
Ce sont des mercenaires célèbres et efficaces. Ce sont surtout des orcs. Le chef de la compagnie assigne cette mission rémunératrice à l'un de ses meilleurs officiers, Ayraak, qui forme un groupe de confiance et prend la mer pour aller sauver ce pauvre enfant gobelin.
L'île des Céliandes va vite se transformer en enfer.
Après les Elfes, les Nains et avant les Mages, voici les Orcs (et Gobelins, accessoirement), à force, vous connaissez le principe, Jarry s'occupe du scénario et le dessinateur change à chaque épisode. Ici, nous avons l'Espagnol Hervas Millan aux crayons.
Que donne ce sixième tome ? L'histoire est alléchante et le principe de mettre les orcs dans le rôle des héros me botte.
Jarry découpe et présente son récit simplement. On a un présentation générale de la compagnie des mercenaires orcs sur le champ de bataille, le briefing de la mission, la composition du commando puis le départ vers la zone de combat. C'est clair et net. Difficile ne pas suivre mais, en même temps, c'est trop clinique. En tant que lecteur, je ne me suis pas senti impliqué dans le lancement de l'aventure. Les personnages sont là. Ils font leurs trucs entre eux, justifient leur surnom. Je ne me suis pas senti concerné. Il faudra quelques dizaines de planches avant que cette distance commence à fondre (un léger dégel, pas plus) et ce n'est qu'au troisième essai (forcé) que j'ai atteint ces pages.
Cette bande d'orcs piaille comme des écolières de six ans...
Ensuite, ce n'est pas mieux, le texte est répétitif au possible (oui, OK, les orcs sont incompris, n'ont pas peur de la mort et aiment leur honneur, ce n'est pas la peine de l'écrire sur chaque planche) et la construction des personnages me laisse une impression de déjà-vu dans l'univers Elfes en général et le manque d'attachement les rend assez disposables. Les héros sont d'ailleurs très moches vus de près. Ce sont des orcs, vous me direz. En effet, et je vous répondrais que c'est pour cette raison qu'ils servent de chair à canon (épée ?) habituellement. Ça n'aide pas.
Néanmoins, une fois que la balade sur l'île des Céliandes démarre, Ayraak devient meilleur. Au fil des pages, le dessin de Hervas Millan gagne en qualité, à l'instar des lumières et ombrages. Caricaturaux du début (ces effets dégueulasses qui puent le Photoshop mal réglé), ils deviennent acceptables. Nous avons, dès lors, une suite de jolies cases, de beaux paysages de voyages, inspirés, à mon avis, des films du Seigneur des Anneaux et du Hobbit (j'avais presque la musique en tête) et des scènes de castagnes bien foutues. L'un dans l'autre, le récit et les graphismes nous font passer une lecture correcte.
C'est loin d'être parfait mais on y retrouve un peu ce sentiment d'aventure qui m'avait plu dans les Orcs de Nicholls, ainsi que la camaraderie rude et le côté fataliste de la Compagnie Noire de Cook.
Malheureusement, les quelques qualités de cet album ne contrebalancent pas suffisamment ses défauts et, surtout, les principaux, le manque d'intérêt des personnages et le manque d'entrain de l'aventure.