Nous sommes en Norvège, pays où l'art est très apprécié, et où il peut prendre des formes pour le moins inattendues... Et ce n'est pas la nouvelle exposition de My Witt qui va changer la donne : l'artiste très connue expose ses nouveaux clichés d'elle-même en pleine action, en pleins ébats sexuels avec, le plus souvent, un immense black, dans des positions très suggestives. Les clichés ont beaucoup de succès, d'aucuns admirant la lumière qui s'en dégage. De quoi satisfaire My, qui n'hésite pas à fêter cela à sa manière avec Linda, son assistante, devenue bien plus que cela. Mais pour autant, c'est Anette Glasser, une personne influente dans le monde de l'Art, qui trouve que peu de risques sont pris dans ce qu'expose My. Il va s'agir de trouver autre chose, de plus inattendu, de bien plus choquant...
Ailleurs, dans une maison de retraite très particulière, le personnel a l'habitude de voir les pensionnaires partir par groupes de trois. Et si on demande aux plus anciens qui travaillent ici, cela s'est vraiment toujours vérifié. Pour autant, il y a une réponse étrange lorsqu'on demande de quand date la dernière disparition, au quatrième étage... De mémoire de salariés, personne ne se souvient de la moindre disparition dans cet étage. Un étage qui sert des choses bien particulières, bien loin de ce qu'on pourrait imaginer dans un hospice pour personnes âgées. Un endroit où des fêtes très particulières, pour ne pas parler de rites bien étranges, ont lieu. Des rites auxquels les pensionnaires souhaitent absolument participer...
Ensuite, c'est à Bodskär que l'on se retrouve, en compagnie d'une escouade de soldats d'élite. Parmi eux, on retrouve Larsson et Engwall, qui progressent lentement, sans le moindre bruit. L'approche se déroule sans accroc. Le calme avant la tempête. On dit que les Russes qui ont pris possession de cette île ont l'oreille fine. Il va falloir être discret dans l'opération de nettoyage qui s'annonce, tout en ne laissant aucun survivant parmi les ennemis qui seraient venus ici à bord d'un étrange sous-marin. Et puis, il y a des cris d'enfant. Des cris déchirants, qui bouleversent Larsson. Il paraît invraisemblable de mettre le feu dans des maisons où des bébés hurlent. Et pourtant, ce que Larsson va vivre va ébranler bien des convictions...
Et puis, c'est de nouveau My Witt que l'on retrouve, mais cette fois dans une prison, suite à ce qu'elle a fait pour sa dernière oeuvre... Un geste fou, qui a entraîné la descente aux enfers de l'artiste. A présent, la voilà enfermée dans une cellule aux murs jaunes et craquelés, avec le temps et l'ennui comme ennemis jurés. Celle qui devient la Reine en jaune a tout le temps de penser, et aussi celui de se faire humilier par des matons particulièrement sadiques.
Et enfin, c'est à un voyage aller-retour entre la Suède et l'ex-Yougoslavie que l'on assiste, avec Zami et Janoch, les deux frères les plus évolués de la Meute, qui ont pour mission d'aller chercher Grand-Mère, pour l'amener dans une maison où toute la Meute sera enfin réunie. Zami est le plus intelligent, celui qui est apte à conduire, et à gérer les différentes transactions à mener dans ce voyage. A commencer par les filles à récupérer avant d'arriver chez Grand-Mère...
Anders Fager est un auteur suédois, qui est parfois comparé à Lovecraft, rien de moins. Et il est vrai que les cinq nouvelles présentées ici sont franchement déroutantes, bien qu'assez inégales. Ainsi, si j'ai personnellement été très accroché à La Reine en jaune ou Le Voyage de Grand-mère, je l'ai été un peu moins par Cérémonies par exemple. Pour autant, l'écriture demeure assez fluide, et il est assez plaisant de se retrouver embarqué dans chacune des nouvelles de l'auteur suédois.
Un recueil de nouvelles tout à fait plaisant et intéressant, même si je n'irai sans doute pas oser une comparaison avec Lovecraft et son univers. Il me tarde de lire un ou deux romans, plus complets, de cet auteur suédois, pour m'en faire une opinion plus tranchée, après cette intéressante mise en bouche !
