Les Chroniques de l'Imaginaire

L'ensorceleur des choses menues - Goddyn, Régis

Dans le monde où vit Barnabéüs, il est découragé de voyager. Les mages arpentent le monde à l'occasion du Haut Voyage où ils vont hériter du savoir de leur parent, les marchands commercent avec les villes proches. Les ensorceleurs et les ouvriers, eux, restent chez eux toute leur vie. Mais quel besoin de voyager, de toute façon, puisque le monde est partout pareil qu'à Kiomar-Balatok ? Un lac entouré de hautes montagnes, une belle cité qui abrite les mages et leurs enfants pour une vie de luxe, des faubourgs où peine le reste de la population.

Barnabéüs, ensorceleur des choses menues, n'aurait jamais songé à quitter sa ville natale sans l'intervention de Prune. Alors que le vieil homme bedonnant a pris une retraite bien méritée et s'ennuie en essayant de rédiger d'insipides mémoires, la jeune femme vient frapper à sa porte : son fiancé n'est jamais revenu du Haut Voyage et elle est bien décidée à se rendre elle-même à Agraam-Dilith, le but de ce voyage initiatique, pour apprendre ce qu'il est devenu. Troublé par la fougue (et la beauté) de Prune, Barnabéüs se laisse embarquer dans ce dangereux voyage, qui s'avérera bien plus mouvementé qu'il aurait pu l'imaginer !

Le lecteur comprend bien vite que derrière l'interdiction tacite de voyager se cache une manipulation des mages pour garder la mainmise sur les plus basses castes. Barnabéüs lui est bien plus naïf, et peine à appréhender comme il peut être dangereux de mettre le nez dans les secrets des puissants… Heureusement que Prune a les yeux ouverts ! Car les mages vont rapidement essayer d'arrêter les deux voyageurs, coûte que coûte.

Dans ce monde donc, les mages choisissent un de leurs enfants pour leur succéder, et l'initient lors du Haut Voyage. Leurs autres enfants sont évincés de la cité et du palais où ils sont nés, et deviennent ensorceleurs dans les faubourgs, utilisant les deux ou trois sorts qu'ils maîtrisent auprès de la population locale pour vivre de façon bien plus modeste. Habituellement, c'est l'aîné qui est choisi pour devenir mage, mais ce n'a pas été le cas pour Barnabéüs, évincé au profit de son cadet ; il en est resté un peu amer, mais a fait avec.

La première partie du roman raconte donc le dangereux voyage de Barnabéüs et Prune, qui découvrent des contrées bien différentes de la leur et affrontent maints dangers. Cela reste assez classique, mais c'est rythmé, le duo fonctionne bien avec ses relations ambigües et hésitantes, on reste donc pris dans le récit.

Dans une deuxième partie, les deux voyageurs ont atteint leur but premier, mais également découvert les sombres secrets des mages et de la caste noire (nécromanciens et compagnie). Ils errent désormais dans les terres grises, au milieu des spectres et des ruines d'Agraam-Dilith. Et là, ça devient franchement compliqué, je me suis embourbée. J'ai eu du mal à suivre vraiment les tenants et aboutissants des différentes révélations, du coup j'ai décroché et je me suis plutôt ennuyée.

Comme j'avais beaucoup aimé le cycle Le sang des 7 Rois du même auteur, j'attendais trop de ce roman et j'ai été déçue. Les deux moitiés en sont en effet inégales, et si la première partie m'a intéressée et m'a fourni une lecture fort plaisante, la deuxième m'a laissée de marbre. Dommage. Cela ne m'empêchera pas pour autant de lire d'autres ouvrages de l'auteur à l'occasion !