La nouvelle lauréate du Prix Solaris 2018, La déferlante des mères, de Luc Dagenais, qui figurait dans le numéro 207 de Solaris, a gagné le Grand Prix de l'Imaginaire 2019, catégorie Meilleure nouvelle francophone, ce qui aura sans doute plus de poids pour le lecteur français que le prix Aurora/Boréal 2019 qu'elle a également obtenu. C'était très mérité pour ce beau texte, et je ne peux que souhaiter le même destin à Ici, de Natasha Beaulieu, lauréate du Prix Solaris 2019. Et dans la série des félicitations, je me garderai d'oublier celles, très méritées également, dues à Dave Côté pour le Prix Jacques-Brossard 2019 obtenu par ses nouvelles publiées dans Nés comme ça, et deux autres publiées entre autres dans Solaris.
Dans la partie Fictions de ce numéro de la revue, on peut lire :
Ici, de Natasha Beaulieu, lauréate du Prix Solaris 2019 : dans ce monde où les humains normaux sont modifiés, et où la pornographie a beaucoup changé, il est exclu de mettre un bébé "normal" au monde. Cette nouvelle, à la fois ample dans la conception et la description de l'univers, et fouillée dans le détail et les personnages, méritait bien le prix. En tout cas, c'est l'une de mes préférées dans ce numéro.
Toutes alignées morbides, de Gabriel Veilleux : un voyageur spatial se rend compte tout de suite à son réveil qu'il y a un problème. Ô combien ! Cette nouvelle a gagné le prix d'écriture sur place du congrès Boréal, catégorie auteurs montants. Il est sûr que son originalité me rend curieuse de lire d'autres textes de son auteur.
Différent, de Francine Pelletier : une rencontre à la fois surprenante et prévue, entre des espèces différentes. Cette nouvelle a gagné le prix d'écriture sur place du congrès Boréal, catégorie auteurs pro. La qualité de l'écriture de son auteure est constante, et cette jolie nouvelle courte sur la fascination réciproque du différent en est une autre preuve (s'il en fallait une !).
#CroisEnTonChemin, d'Isabelle Piette : avant d'être connue sur le réseau, Zurielle Petrakir a connu la galère. Ce jour-là, elle se décide à raconter son expérience avec @Faiseurs_de_Destins. Je suis peut-être trop vieille pour apprécier à sa juste valeur cette nouvelle piquante sur les réseaux sociaux et le besoin d'être vu. En tout cas, quoique j'en aie apprécié l'originalité, elle m'a paru longuette.
La Kora désaccordée, d'Isabelle Lauzon : hors de question dans cet univers de rêver tout seul dans son coin ! D'une part c'est impossible, à cause d'un virus qui a éliminé cette possibilité chez les humains, et d'autre part c'est interdit. Ce texte pétri de sensibilité est sans doute mon préféré du recueil, le monde décrit de façon allusive étant intéressant et fouillé, et les personnages sans aucun manichéisme.
Chorégraphie orbitale, de Josée Lepire : les IA qui gèrent cette usine en orbite autour de Mira-7, une géante gazeuse, ont plusieurs fonctions, dont celle de juge suprême et de surveillants. C'est donc à elles d'arbitrer les conflits pouvant survenir entre espèces sentientes, et d'enquêter lorsqu'un acte de malveillance à l'encontre de l'une desdites espèces est signalé. Ce texte est fouillé, original et bien écrit, j'aime le space opera en général, j'aime le polar et le roman d'enquête en général, et je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas aimé davantage cette nouvelle pleine de qualités.
La Stupéfiante Histoire de la chaussette récalcitrante, de Francine Pelletier : Sa Grand'man décédée manque à Grégoire Duberger, certes, et l'enregistrement de sa mémoire dans Douce Éternité lui permet de la revoir quand il le souhaite. Mais cela n'autorise pas la vieille dame à lui faire perdre systématiquement UNE chaussette ! Normalement. A son avis. Cela dit, reporter dans l'âme, il ne peut négliger la possibilité d'enquêter sur un dysfonctionnement du système de Douce Éternité. J'ai beaucoup aimé cette nouvelle douce-amère sur l'amour, la perte, le deuil et le regard porté par "les jeunes" sur "les vieux", qui m'a paru très juste, dans toutes ses nuances. Et j'ai trouvé parfaite l'illustration de Laurine Spehner.
Je n'ai jamais rien compris à la chimie, je l'avoue sans m'en vanter, et il fallait bien ma confiance de longue date dans Les Carnets du Futurible de Mario Tessier pour me faire consentir à lire un article intitulé Le tableau périodique, ou les éléments chimiques en science et en fiction ! Et comme toujours, je ressors de ma lecture à la fois éclairée et divertie.
Dans le volet des critiques, je rejoins assez l'avis de Jean-Pierre Laigle sur l'essai de Yannick Rumpala, auquel je reprocherai de surcroît de citer massivement des auteurs mâles, en oubliant leurs consœurs...
En somme, Solaris poursuit, de numéro en numéro, sa carrière de revue passionnante à lire pour tout amateur francophone des littératures de l'imaginaire.