Doug a une vie de photographe solitaire, en Ecosse, dans les Highlands. Cela fait maintenant près d'un an qu'il n'a pas partagé le moindre cliché de la nature sauvage qui l'entoure. L'homme vit ainsi presque en ermite, et la seule présence humaine qu'il a dans son entourage est Maggie, la gérante du magasin général local. Bref, Doug est maintenant presque un ours, surtout depuis sa rupture avec Lisbeth, une institutrice avec laquelle il est resté plusieurs années.
Mais les choses sont sur le point de changer du tout au tout pour Doug, et sa petite vie tranquille : un soir où il prend quelques photos de loutres et de macareux moines, voilà qu'une créature immense, incroyable, translucide, se trouve dans son objectif. La créature en question, qui n'a franchement rien à envier au monstre du Loch-Ness, se paie même le luxe de parader juste devant Doug, avant de lui cracher dessus des litres de morve par ce qui ressemble à l’évent d'un dauphin. Une scène absolument incroyable, que l'appareil photo de Doug n'a pas manqué d'immortaliser...
D'abord sous le choc, le photographe ne manque pas de publier ses incroyables clichés sur Twister, un réseau social très connu. A partir de là, les événements vont totalement lui échapper, avec un nombre de partages et de followers complètement dantesque. Les médias nationaux s'emparent de l'affaire, et pointent immédiatement du doigt la présence de GenX, une entreprise qui fait des expériences génétiques dans les environs. Le monstre devient vite célèbre, et le paradis de tranquillité ne tarde pas à attirer les journalistes de tous horizons, trop heureux de faire le buzz dans ce coin reculé d'Ecosse.
Bientôt, outre les journalistes et les déclarations de GenX, ce sont les écologistes, les défenseurs des animaux, les scientifiques et même carrément l'armée qui arrivent autour du lac où le monstre a été photographié. Surtout lorsque les chaînes d'information annoncent que les clichés sont des vrais, qui n'ont absolument pas été retouchés... Pour Doug, c'est la perte de la tranquillité, le début des ennuis avec Maggie, qui souhaite utiliser son nom pour son magasin. Et c'est aussi la fin de la tranquillité pour Shirley, une auteure célèbre qui est venue se retirer dans le coin pour échapper, justement, à la célébrité...
Bruno Duhamel a eu le nez creux, avec ce one-shot qui permet de disséquer ce qui se passe lorsqu'on publie quelque chose sur un réseau social qui n'a rien à envier à Twitter, bien évidemment. Je passe ici les détails sur le fait que l'ordinateur de Doug est piraté par un hacker russe, qui n'hésitera pas à publier même l'impubliable, pour foutre la vie privée de Doug totalement en l'air...
Ainsi, le one-shot se décline en deux parties, avec une histoire initiale qui prend le temps de se mettre en place : on s'attache immédiatement à ce personnage de Doug, et on assiste, ébahis, à la même scène que lui, avec cet incroyable monstre. Une scène qui possède beaucoup de force, mais aussi beaucoup d'humour, et qui justifie à elle seule la lecture de cette bande dessinée. Et puis, il y a la perte de contrôle, totalement volontaire : le one-shot part dans tous les sens, et la situation s'empire de page en page, alors même que l'on pensait que le pire était atteint.
Les dessins et les couleurs de Bruno Duhamel sont de toute beauté, incroyables de justesse, et la lisibilité est parfaite, même lorsque les textes sont franchement nombreux : les débats vont bon train de par le monde, au moins jusqu'au prochain buzz, et il est franchement jouissif de suivre Doug dans ce maelstrom d'informations, où il ne contrôle plus rien.
#Nouveaucontact_ est un one-shot diablement drôle et intelligent, qui dissèque avec beaucoup de justesse notre utilisation, souvent un peu trop irréfléchie, des technologies mises à notre disposition aujourd'hui. De quoi faire sérieusement réfléchir...