Les Chroniques de l'Imaginaire

Incantare (V-Girls, l’œil du Diable - 1) - Pécau, Jean-Pierre & Ukropina, Jovan

Hedy Lamarr ne s'attendait sans doute pas à cela lorsqu'elle a embrassé le métier d'actrice... Nous sommes en 1938, en Tchécoslovaquie, et voilà que l'on brûle des bobines de films, où l'on voit justement cette actrice, dans un film appelé Extaze. Et même si on la voit courir nue dans ce film, ce n'est rien par rapport à l'expérience qui va se dérouler, dans la demeure de son compagnon, Friedrich Mandl. Hedy Lamarr est positionnée devant une piscine intérieure, et elle est filmée. L'eau se met alors à bouger, et bientôt ce sont tous les soldats allemands, envoyés ici par Hitler, qui périssent les uns derrière les autres. Hedy parvient à s'échapper, de justesse, grâce aux étranges pouvoirs qu'elle semble avoir sur l'eau...

Et puis, nous sommes à Tasco, dans le Missouri, à la même époque, pour un meeting aérien. Outre les engins, le spectacle est aussi dans les formes généreuses de Lucy Lang, une jeune femme qui n'hésite pas à se mettre en avant pour soutirer un peu d'argent aux paysans locaux. Et il s'en faut de peu pour que l'avion s'écrase, alors qu'un morceau de tissu de sa robe est resté accroché à la queue de l'appareil. Il faut l'apparition d'une étrange lumière pour faire disparaître le tissu en question, et pour faire se poser l'appareil sans dommage.

Puis, c'est à Londres que l'on retrouve Hedy Lamarr, la jeune femme autrichienne qui a pu fuir. Elle est à présent avec un réalisateur américain, qui a vu Extaze. L'homme est en mesure de faire venir l'actrice à Hollywood, et de faire en sorte que sa carrière décolle, enfin. Mais cette dernière va vite faire la rencontre des membres du London Calling Service, où on trouve notamment un certain Peter Flemming, ainsi que Ian et Alesteir. Le groupe a récupéré l'actrice au bord de la Tamise, alors qu'une forme liquide sortait de l'eau... Un événement étrange, qui n'a pas échappé à la sagacité de ces hommes : Hedy Lamarr possède un certain pouvoir sur l'eau, un pouvoir élémentaire qui est d'une grande puissance, et qui pourrait servir à défaire Hitler.

C'est Howard Hugues qui en est convaincu, d'autant qu'il est l'employeur de Lucy Lang, une femme qui, elle, maîtrise l'air comme élément. Mais si les pouvoirs ainsi conférés sont immenses, il y a un prix à payer, les éléments en question sont d'une grande jalousie, et ne supportent pas franchement les hommes qui s'approchent d'un peu trop près de leurs petites protégées...

L'eau et l'air, voilà les deux éléments qui nous sera donné de croiser dans ce premier tome de V-Girls, l’œil du diable, qui paraît chez Soleil. Cette nouvelle série, qui fait la part belle à l'aventure et à l'ésotérisme, en prenant la Seconde Guerre Mondiale et les soldats nazis comme toile de fond, est scénarisée par Jean-Pierre Pécau et dessinée par Jovan Ukropina, à qui on doit une série comme Wunderwaffen. C'est Hugo Sebastian Facio qui est aux couleurs de ce premier tome, pour compléter l'équipe d'auteurs qui est derrière cette bande dessinée.

D'emblée, on se rend compte que les genres sont mélangés, entre la guerre, un côté ésotérisme qui tire vers la sorcellerie, et également le monde du cinéma dans lequel souhaite évoluer Hedy Lamarr, qui est un peu malgré elle le personnage principal de ce premier tome, que l'on retrouve à différentes époques, et dans différents lieux. Mention spéciale aux dessins autour de Hedy, qui est parfaitement mise en valeur, comme le montre la très jolie couverture de ce premier tome.

Du côté narratif, les éléments s'enchaînent rapidement. Un peu trop rapidement, d'ailleurs : on sent que la série doit se terminer en trois tomes, et c'est un peu dommage : on aurait aimé en savoir plus sur le passé de Hedy, ou même de Lucy Lang, là où la présentation de ces deux filles (sur les quatre que l'on ne manquera pas de croiser prochainement) est un peu trop sommaire.

Un premier tome qui passe un peu trop vite et qui ne laisse pas le temps au récit de véritablement s'installer : c'est un peu frustrant, d'autant que les différents thèmes se recoupent de belle manière, franchement intelligente. Il me tarde tout de même de découvrir la suite de ce récit.